Intervention de Marie Pochon

Séance en hémicycle du mardi 16 janvier 2024 à 21h30
Position de la france sur les accords de libre-échange

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie Pochon :

« Nous sommes sur l'autoroute vers l'enfer climatique, avec le pied toujours sur l'accélérateur ». Prononcés il y a un peu plus d'un an, les propos du secrétaire général de l'ONU résonnent encore.

Ils résonnent cependant trop peu, malheureusement, alors que l'eau manque, que les pollinisateurs disparaissent, que le vivant tout autour de nous s'effondre, à l'heure où tout nous dicte d'aller vers la souveraineté, les circuits courts, l'autonomie, la résilience et la sobriété, à l'heure des choix les plus grands que notre humanité soit capable d'accomplir, comme celui de vivre ou de périr. À cette heure-ci, nous nous dirigeons vers la finalisation d'un accord de libre-échange visant à échanger toujours plus de biens sur des milliers de kilomètres entre l'Union européenne et les pays d'Amérique du Sud.

On regarde l'horloge, on se dit qu'on s'est trompés, mais non : il y a quelques semaines, une majorité au Parlement européen ratifiait un nouvel accord de libre-échange, entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande.

Chers collègues, entendons-nous bien, le débat ne consiste pas à nous demander si nous voulons faire du commerce international : 70 % des importations européennes de viande bovine proviennent déjà des pays du Mercosur. L'Europe est également le troisième partenaire commercial de la Nouvelle-Zélande.

L'enjeu est donc tout autre. La question qui nous est posée – enfin, elle ne le sera pas puisque les parlements nationaux n'ont pas leur mot à dire – est celle de l'augmentation de ces échanges, au détriment de nos conditions de vie sur terre, de nos agriculteurs, de tout ce à quoi nous appelle cette horloge qui tourne.

Tous les rapports sont édifiants : l'augmentation des importations de bœuf est un des principaux moteurs de la déforestation au Brésil. La massification du transport de marchandises avec la Nouvelle-Zélande engendrera, de fait, une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Un mois après la COP28, sachez que tous les accords historiques du monde ne pourront cacher que les accords de libre-échange sont tout simplement insoutenables.

Ils le sont pour les agriculteurs et les agricultrices français, comme le disent, à l'unisson – c'est assez rare pour que nous le soulignions – tous les syndicats agricoles. Un ménage agricole sur cinq en France se situe sous le seuil de pauvreté, moitié plus que pour la population générale. Parmi eux, les éleveurs ont le revenu moyen le plus bas, tandis que la décapitalisation du cheptel se poursuit.

La faute à l'endettement massif dans lequel le modèle conventionnel du « produire toujours plus », avec moins de gens et des fermes toujours plus grandes et mécanisées entraîne tant d'agriculteurs ; la faute à la concurrence déloyale ; la faute aux profits monstres réalisés par la grande distribution ; la faute, aussi, à une mondialisation libérale effrénée, qui fait passer le marché avant les humains et le vivant.

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