Pour trouver des solutions, il faut commencer par reconnaître qu'il y a une question, mais aussi accepter de sortir des caricatures et de changer d'approche face au problème.
Ce problème, quel est-il ? Nos concitoyens ne sont pas assez bien payés eu égard aux efforts qu'ils fournissent au travail et ils ne gagnent pas suffisamment pour faire face au coût de leurs besoins élémentaires.
Quelles en sont les raisons ? Nous avons établi en France un salaire minimum ; nous ne sommes pas les seuls mais nous n'observons pas le même phénomène de paupérisation vers les bas salaires dans les pays comparables au nôtre.
En matière économique, chacun conviendra qu'il existe un rapport entre le coût du travail et son attractivité. Le système social français reposant largement sur les cotisations sur le travail, nous comprendrons que celles-ci constituent une composante essentielle de ce coût, lequel est, en conséquence, l'un des plus élevés des pays de l'OCDE.
Certains objecteront que les efforts fournis en faveur des entreprises nous ont repositionnés dans la moyenne européenne. Je répondrai qu'il existe non seulement des cotisations salariales, mais aussi des cotisations patronales, qu'on ne saurait ignorer, le cumul des deux nous laissant sur le podium du coût du travail. Sans en dire du bien ou du mal, le coût du travail en France est l'un des plus élevés au monde : c'est un fait.
Par ailleurs, toutes les justifications idéologiques ne changeront le point de vue ni des salariés ni des employeurs. Pour les salariés, les cotisations sont des charges baissant le salaire net. Pour les employeurs, ce sont des charges augmentant les coûts de production. Dans les deux cas, ces charges pèsent sur le produit du travail.
Nombreux sont ceux qui, depuis quarante ans, s'interrogent sur l'attractivité du travail en France. Tous les gouvernements, de droite comme de gauche, ont à cet égard créé une commission ou un comité Théodule afin d'améliorer la situation de l'emploi. Ici réside la principale raison de la paupérisation des salariés français vers le Smic.
Quelles ont été les propositions des experts et les mesures prises par les gouvernements successifs ? Au fond, il n'y en a eu qu'une seule : la baisse des charges – ou des cotisations, c'est selon –, mais concentrée sur les bas salaires. En effet, un emploi au Smic est exonéré de cotisations patronales, et tout emploi payé jusqu'à 1,6 Smic bénéficie d'une baisse de cotisations. Cette situation crée un effet d'aubaine pour les employeurs, ainsi incités à repenser leur structuration afin de disposer d'un maximum d'emplois dans ces catégories, pour profiter au mieux des baisses de charges.
Les conséquences de ces choix, nous les avons sous les yeux. Au total, 3,1 millions de salariés sont actuellement payés au Smic – soit 17 % des travailleurs – et plus de 50 % des salariés gagnent moins de 2 091 euros net par mois.
Ces effets sont amplifiés par le fait que seul le Smic est revalorisé en cas d'inflation supérieure à 2 %, ce qui crée un tassement de tous les autres salaires jusqu'à 1,6 Smic. Et n'oublions pas les aberrations induites par les effets de seuil, la prime d'activité n'étant par exemple plus versée au-delà d'un certain niveau de revenu.
Continuer cette politique, c'est assurément augmenter le nombre de travailleurs mal payés dans notre pays ; c'est accroître le sentiment d'injustice de ceux qui travaillent pour un faible salaire vis-à-vis de ceux qui bénéficient des aides sociales ; c'est créer un phénomène d'immobilité sociale par la non-progression des carrières, laquelle remet en cause la culture du travail ; et c'est figer le pays dans des productions à faible valeur ajoutée qui, à terme, nous déclasseront dans le concert mondial et creuseront toujours plus notre déficit commercial. Il s'agit d'un cercle vicieux, mais dont nous pouvons sortir.
La boussole du groupe Horizons est de défendre celles et ceux qui travaillent et participent à l'effort collectif de la nation. C'est pour cette raison que nous soutenons une baisse d'impôt de 2 milliards d'euros à leur bénéfice.