Selon l'Insee, les salaires n'ont progressé, hors inflation, que de 0,6 % par an depuis vingt ans. Certes, cela constitue une hausse mais une hausse beaucoup trop faible au regard du potentiel de notre économie et des efforts que les Français consentent. Cette stagnation est un échec à la fois politique, social et humain.
Ce potentiel gâché, on peut le mesurer par comparaison avec l'Allemagne : en 2010, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'écart entre le revenu moyen des ménages français et allemands était de 5 % seulement, contre 12 % actuellement. C'est alarmant.
Le constat est clair : les salaires décrochent. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer l'évolution du Smic, lequel écrase dangereusement la grille des rémunérations en France. Actuellement, 17,3 % des salariés sont bloqués à ce niveau de rémunération contre 12 % en 2021. On peut parler de smicardisation de la société, pour reprendre l'expression du ministre de l'économie. Le Smic devient une trappe à bas salaires tant la marche fiscale et sociale à gravir pour en sortir est haute. Il n'est pas, comme certains voudraient le faire croire, l'outil d'élévation du pouvoir d'achat.
La première cause de ce phénomène réside dans le poids que constitue notre modèle social pour les salaires. D'après le site officiel de l'Urssaf, pour un salaire médian – 2 500 euros brut –, il y a 41 % de prélèvements obligatoires. Ce modèle social est précieux et il faut le préserver, madame la ministre, mais il est très coûteux. Si les salariés français percevaient le coût total que leur emploi génère, ils seraient parmi les mieux payés des salariés de l'OCDE, si ce n'est les mieux payés.
Contrairement à la TVA ou à la contribution sociale généralisée (CSG), dont l'assiette est large, les charges sur les salaires sont aussi dissuasives qu'une taxe carbone. J'en veux pour preuve le succès des autres modèles de rémunération comme l'autoentreprise, les titres-restaurant ou encore l'intéressement et la participation, voire la prime Macron.
Le nouveau gouvernement a reçu l'injonction d'être révolutionnaire.