Rarement le fossé entre le théâtre politico-médiatique parisien et le peuple français n'aura été, hélas, si profond. Alors que nos concitoyens subissent depuis plus de deux ans la pire crise du pouvoir d'achat que notre pays ait traversée depuis un demi-siècle, la Macronie enchaîne les petits coups de communication et les jeux de chaises musicales. Notre démocratie est polluée par un débat public saturé par les jeux de pouvoirs et les coups d'esbroufe organisés par le Président de la République, qui, d'un Conseil national de la refondation bidon aux rencontres de Saint Denis ratées, fait perdre un temps précieux à notre pays et abandonne les familles de France à leur sort face aux injustices de la mondialisation.
Passée la prime exceptionnelle votée lors de l'installation de la législature, avec, d'ailleurs, le soutien du Rassemblement national, le Parlement n'a jamais été saisi de la question centrale des salaires, en dehors de la proposition de loi que mon groupe avait eu l'honneur de présenter lors de sa niche parlementaire, l'année dernière. Nous proposions alors, madame la ministre déléguée, une solution simple pour faciliter les augmentations de salaire de 10 % au sein d'une même entreprise. Cette solution simple permettait d'augmenter de 10 % les salaires entre un et trois Smic, afin de mettre un terme à la querelle stérile qui, depuis trop longtemps, oppose les classes populaires et les classes moyennes – impasse stérile qui a eu pour seule conséquence de tirer les salaires vers le bas et d'ouvrir la trappe à bas salaires. Aujourd'hui, madame la ministre déléguée, ce sont plus de 17 % des salariés de France qui sont au Smic, un taux jamais atteint.
Malheureusement, face à cette proposition de bon sens du Rassemblement national, unis dans le mépris de la valeur travail et le sectarisme, votre majorité, la NUPES et Les Républicains ont refusé notre proposition. Vous avez d'ailleurs tellement refusé notre proposition que vous avez refusé de l'améliorer, voire de la modifier, pour une raison simple : vous n'aviez aucune amélioration à apporter, aucune nuance à proposer. En réalité, vous n'avez rien à proposer aux salariés français pour augmenter leurs salaires.
Contrairement à vos prétentions, vous n'avez depuis rien apporté aux Français pour augmenter les salaires. La fameuse conférence des rémunérations qui avait été proposée par Madame Borne a été emportée avec elle dans les oubliettes.
En dix-huit mois d'existence, la seule chose que vous avez eu à offrir aux Français, c'est qu'il ne devait plus exister, au sein des branches, des salaires de base inférieurs au Smic légal. Les Français ont ainsi découvert, grâce à cette proposition révolutionnaire, qu'il était possible au sein des branches de définir un salaire de base inférieur au Smic, ce qui aurait dû être interdit depuis longtemps : comment est-il possible en France, en 2024, d'avoir des salaires de base inférieurs au Smic ?
Ce gouvernement, madame la ministre, compte pourtant des personnalités qui semblent avoir une conscience aiguë des difficultés salariales des Françaises et des Français. Je parlerai à nouveau du cas de Mme Oudéa-Castéra : il y a quelques mois, alors qu'elle était interrogée sur son modique salaire de 500 000 euros par an, elle s'était plainte d'être à présent mal payée, compte tenu de toutes les heures qu'elle s'enfournait, selon le vocabulaire élégant que je lui laisse. Comment espérer que votre gouvernement soit capable d'avoir un début de compréhension des problèmes qui touchent nos compatriotes quand l'une de ses ministres montre qu'elle est aussi déconnectée des réalités les plus élémentaires et manifeste une telle suffisance ?
Répétons-le, le Rassemblement national est le seul à poser la question des salaires en cette rentrée politique.
Le pouvoir d'achat repose sur trois piliers. Le premier correspond aux dépenses contraintes, qui explosent. Afin de réduire l'incidence de leur augmentation pour nos concitoyens, le Rassemblement national, avec Marine Le Pen, a proposé des réformes de fond : appliquer le taux réduit de TVA, de 5,5 %, sur le prix de l'énergie et la ramener à 0 % sur les produits de première nécessité.
Le deuxième pilier est la fiscalité. Jamais le poids des prélèvements obligatoires n'a été aussi élevé que lorsque M. Attal était ministre délégué chargé des comptes publics puisqu'ils ont atteint jusqu'à 46 % en 2022. Certes, il a légèrement diminué pour cette année, mais les annonces récentes concernant le refus de réduire de 2 milliards les impôts des classes moyennes laissent malheureusement présager que celles-ci ne pourront bénéficier d'aucune réduction en ce domaine, et les classes populaires encore moins.
Le troisième pilier renvoie aux salaires, question centrale qui nous occupe aujourd'hui. Nous avions espéré, et les Français avec nous, qu'elle serait enfin traitée, après que la crise du covid avait remis au cœur du débat public les métiers essentiels, l'importance de la production et l'éthique du travail. Hélas, ce n'est toujours pas le cas, et nous sommes les seuls à l'évoquer.
D'un côté, la NUPES ment aux Français en leur faisant croire qu'il suffirait de décréter une augmentation générale des salaires pour améliorer le pouvoir d'achat.