En revanche, je vous répondrai concernant la suspension de l'aide publique au développement au Mali et au Niger, sujet qui n'a pas encore été évoqué. À la suite du putsch survenu en juillet dernier à Niamey et du soutien affiché par la junte burkinabè, nous avons été contraints de suspendre notre aide au développement au Niger et au Burkina Faso. Au Mali, nous avions prévu de mettre fin à l'APD, mais ce sont les putschistes qui ont décidé de la fin de l'aide humanitaire, décision que nous avons publiquement regrettée.
La France est et restera de loin le premier bailleur bilatéral au Sahel : elle a octroyé 415 millions d'euros d'APD en 2022. Ceux qui nous reprochent de suspendre certaines aides et certains financements font souvent beaucoup moins.
Permettez-moi d'ajouter que cette décision difficile a été prise dans des conditions très spécifiques, que vous connaissez et que vous avez d'ailleurs rappelées : d'abord, dans un contexte de déchaînement de violences et d'hostilités contre les autorités légitimes – je pense notamment au président Bazoum qui est toujours retenu en otage – mais aussi contre la France, notre ambassade et nos ressortissants.
Ensuite, nous étions dans une stratégie de pression maximale à court terme, afin de mettre en échec la tentative de coup d'État. La quasi-totalité des bailleurs ont pris des mesures similaires.
Enfin, nous venions en soutien aux décisions de sanctions prises par ailleurs. Je rappelle que l'on dénonce parfois la suspension de l'aide en oubliant les mesures infiniment plus strictes décidées par les gouvernements africains eux-mêmes, notamment la suspension des livraisons d'électricité ou l'arrêt des transferts financiers.
Je vous garantis que nous continuons à soutenir les populations : partout, nous différencions les régimes politiques des populations. Il n'est pas question d'appliquer des punitions – je ne me souviens plus du terme que vous avez employé – à l'encontre des populations civiles, mais d'être justes et pragmatiques par rapport au contexte qui évolue très vite dans certaines zones.