Enfin comment ne pas parler de l'Afrique ? Ce continent est le principal bénéficiaire des aides françaises – soit environ 6 milliards d'euros l'an dernier. Au niveau mondial, l'Afrique reçoit 30 % des aides au développement.
Au cours des dix-huit dernières années, 805 milliards d'euros ont été versés à ce continent. Pourtant, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a augmenté, le développement est encore très limité, l'insécurité grandit et la défaillance des États en raison d'une mauvaise gouvernance est toujours criante. Inévitablement, la question des retours de ces aides au développement se pose aussi – quand même.
La balance commerciale française continue de « plonger », alors même que certaines des économies bénéficiant de nos aides poursuivent leur ascension. C'est heureux – et c'est l'objectif même de cette politique. Toutefois, on pouvait espérer une amplification des flux en retour. C'est le contraire qui se produit : la France, qui était un partenaire commercial majeur, ne cesse de s'effacer au profit d'économies émergentes – sans compter que, sur ce même continent, le sentiment antifrançais se propage à grande vitesse.
Les dictatures remplacent les démocraties fragiles que nous avions jusqu'ici portées à bout de bras. Ni les milliards ni les soldats tombés au front n'y auront changé quelque chose. Les valeurs occidentales que nous voulions voir triompher partout dans le monde s'érodent malheureusement face aux discours des émergents ; quelquefois, face à des messages bien plus nocifs encore.
Symbole d'un système à bout de souffle et signe patent d'échec, les vagues migratoires se succèdent vers l'Europe, suscitant chez nous les débats que l'on sait, et signifiant surtout l'échec des politiques de développement.
Face à ces échecs malheureux et sous l'effet de nos propres contraintes budgétaires, sans doute convient-il de reconsidérer notre politique de développement et, plus largement, celle des Occidentaux. Il s'agirait de mieux cibler les objectifs géographiques et sociaux, de viser davantage les politiques de formation et de santé, l'autodéveloppement et la maîtrise de la natalité.
Nous avons débattu de la politique migratoire ; si les aides au développement diligentées depuis des décennies avaient mieux atteint leurs objectifs, ces polémiques sur la pression migratoire n'auraient sans doute plus lieu d'être.