Je tiens à remercier le groupe Renaissance de nous offrir un débat sur cette question, essentielle, de l'aide au développement. Les pays de l'Union européenne y contribuent, sous forme de prêts, de garanties ou de dons, à hauteur de 70 milliards d'euros en moyenne par an, ce qui représentait 47 % des engagements en 2021.
La participation française s'élevait à 15 milliards d'euros en 2022 ; notre pays est ainsi le quatrième financeur de l'aide publique au développement dans le monde. L'Agence française de développement peut compter sur ses 3 000 collaborateurs, répartis dans 85 agences, qui financent des milliers de projets dans le monde.
Fidèle à son engagement historique, la France tend à consacrer 0,7 % de son revenu national brut à l'aide publique au développement. Cet objectif devrait être atteint en 2025, comme le prévoit la loi du 4 août 2021 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales.
Cette politique est indispensable et louable, même si sa soutenabilité pose question. Je pense à l'importance de la dette publique, aux 144 milliards d'euros de déficit public et à l'augmentation des intérêts de la dette publique qui dépasseront 52 milliards. Fait aggravant, l'État ne consacre que 7 % de son budget aux investissements : cela représente 30 petits milliards.
Entre le caractère impératif de l'aide, d'un côté, et, de l'autre, la nécessité de répondre aux besoins internes tout en rééquilibrant les comptes publics, la situation est indiscutablement complexe.
On peut également s'interroger sur la nature des pays bénéficiaires des aides – la Chine, par exemple. Entre 2018 et 2020, 400 millions d'euros ont été attribués à des projets chinois : est-il nécessaire de rappeler qu'il s'agit d'un pays dont le PIB est six fois plus important que celui de la France, dont l'indice de développement humain (IDH) est considéré comme élevé, et dont le coefficient de Gini est comparable à celui des États-Unis ? Je n'évoque pas l'interprétation toute particulière des droits de l'homme dans ce pays, la politique au Tibet, les relations avec la démocratie taïwanaise, le respect relatif de la souveraineté maritime des voisins, et la nature des relations économiques avec l'Europe…
Dans le même ordre d'idées, convient-il de financer des projets dans des États autoritaires comme l'Azerbaïdjan – je pense aux Arméniens – ou la Turquie – je pense au peuple kurde ? .