Oui. En zone rurale, un sapeur-pompier volontaire qui n'a pas quatre heures devant lui ne se déclare pas disponible, car il est rare que le trajet entre le lieu de l'intervention et l'hôpital dure moins d'une heure.
Si un sapeur-pompier volontaire s'est senti utile, lors d'une intervention pour un accident de la circulation par exemple, le chef d'entreprise qui l'a libéré sera fier lui aussi d'avoir libéré son salarié, et celui-ci se déclarera à nouveau disponible. En revanche, un pompier qui a perdu quatre heures sur son temps de travail pour une intervention non urgente, due par exemple à la défaillance d'un transport sanitaire privé, peut perdre de vue le sens de sa mission, et son employeur lui reprochera plus facilement son absence.
Nous devons continuer à travailler avec le ministère de la santé pour organiser nos réponses d'urgence sur l'ensemble du territoire ; souvent, nous ne sommes pas traités comme des partenaires : nous subissons les réorganisations des services des urgences et la désorganisation du système de soins. Le centre d'incendie et de secours devient alors une rustine.
Inversement, les sapeurs-pompiers ont besoin d'intervenir, de sortir ; si on ne fait pas assez appel à eux, ils perdent aussi le sens de leur mission.
Nous devons tous – avec notre direction générale, avec le ministère de la santé, mais aussi localement avec nos centres hospitaliers – expliquer que le territoire n'est pas homogène. Tel centre de secours pourra faire telle intervention le dimanche, mais peut-être pas le lundi ; certaines missions pourront être assurées en ville, mais pas en zone rurale. Je ne remets nullement en cause l'organisation de la régulation, mais elle est conçue pour la ville, alors que nous nous occupons à 90 % du territoire rural.