Intervention de Mickaël Bouloux

Séance en hémicycle du lundi 18 décembre 2023 à 21h30
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMickaël Bouloux :

Il concourra ainsi à l'explosion des inégalités et de la pauvreté, qui n'a jamais été aussi répandue : la France, dont l'économie est la sixième du monde, compte plus de 9 millions de pauvres, soit 15 % de sa population ! Les prix atteignent des sommets ; les dividendes se portent bien, les actionnaires ne se font aucun souci. Tout cela découle d'une politique d'ensemble dirigée par le Gouvernement contre celles et ceux qui galèrent. Aussi les éléments de langage confinent-ils à l'indécence lorsque l'exécutif se targue d'un taux de chômage historiquement bas alors que les Français sont orientés vers des métiers inadaptés, mal rémunérés et précaires, et que leurs fins de mois difficiles commencent en fait bien avant le 15 du mois.

Parallèlement, en ne compensant pas les 20 milliards d'euros que perd mécaniquement le budget du fait de l'inflation, l'État prévoit des économies réalisées à l'aveuglette, par exemple 2 500 postes au sein de l'éducation nationale – compte tenu des résultats de la France lors de la dernière enquête du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), il y a de quoi frémir. Enfin, alors que la lutte contre le réchauffement climatique devrait constituer la priorité des priorités et que, suivant une estimation demandée par le Président de la République lui-même, la transition écologique nécessiterait chaque année, d'ici à 2030, une dépense publique de l'ordre de 34 milliards, le Gouvernement ne lâche que 10 milliards. En bref, la justice fiscale, c'est non. La justice sociale, pourquoi donc ? Quant à la transition énergétique, elle peut bien attendre. En attendant, précisément, la colère monte et, soit dit en passant, l'extrême droite aussi.

Pour notre démocratie, ce Far West institutionnel, où le Gouvernement dégaine le 49.3 pour tirer comme sur des canettes au fin fond d'un désert idéologique, est désastreux et mortifère. Désastreux, car la dérive autocratique de l'exécutif nourrit, jour après jour, la défiance des Français à l'égard d'un Gouvernement qui ne respecte rien, surtout pas le vote de la représentation nationale – à supposer que ce vote ait pu avoir lieu –, rayant d'un trait de plume des dispositions adoptées par voie d'amendement, en rajoutant d'autres selon son bon plaisir, s'enfermant dans un exercice solitaire et autoritaire du pouvoir. Mortifère, car cette attitude revient à faire sauter les digues, à abaisser le pont-levis et à dérouler le tapis rouge à l'extrême droite.

Quels arguments opposer à nos concitoyens alors que le Gouvernement reste sourd à leur détresse et à leurs aspirations, refuse d'augmenter le Smic ou de diminuer le taux de la TVA pour les biens essentiels, mais ordonne à des députés de la majorité de déposer en catimini des amendements visant à exonérer de taxes la Fifa ? Lorsqu'il favorise la distribution de dividendes indécents aux gros actionnaires, mais freine des quatre fers lorsqu'il s'agit de rétablir un impôt sur les grandes fortunes ? Que dire lorsque le cabinet d'un ministre, le confondant avec Fabrice Brun, du groupe Les Républicains, offre à mon collègue Philippe Brun une nouvelle brigade de gendarmerie dans sa circonscription en contrepartie de son soutien au projet de loi pour contrôler l'immigration ?

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