Vingt et un 49.3 en dix-huit mois. Ne cherchez pas, ce n'est pas un problème mathématique ; c'est un problème lié à votre manque de représentativité et à votre incapacité d'écouter les Français et de discuter avec les oppositions pour trouver des compromis. En ne donnant pas de majorité à l'Assemblée nationale, les Français, dans leur grande sagesse, ont voulu limiter la latitude du pouvoir exécutif pour l'obliger à trouver des compromis avec le pouvoir législatif. Contre l'esprit de la démocratie, contre l'idée de représentation nationale, vous surexploitez le dispositif lâche du 49.3.
Lorsque la Macronie défait à l'Assemblée nationale un accord qui apparaissait équilibré au plus grand nombre à la sortie du Sénat, elle prend le risque de mobiliser contre elle toutes les oppositions. C'est ce qui s'est passé cette semaine. Quand l'opposition vote en même temps, c'est la fin du « en même temps ». On notera quand même que les représentants des mondialistes, si certains de l'issue du vote, si arrogants, tant envers le peuple qu'envers les oppositions, n'avaient même pas pris le soin de faire le plein de voix dans leurs rangs lors du vote de la motion de rejet préalable sur le projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration. Quel manque de préparation !
La situation prêterait à rire si elle était sans conséquences, mais notre pays a besoin d'un vrai débat démocratique, de députés et d'un gouvernement courageux. Il a besoin de définir et de tenir une position claire en matière d'immigration, loin du « en même temps ». Il a besoin d'un ministère de l'intérieur capable d'expulser les individus faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), et d'une justice ferme qui condamne les délinquants et maintient en prison ceux qui doivent y purger leur peine.
Nos concitoyens les plus fragiles ont besoin d'un pays et d'une administration qui les soutiennent. Parmi eux se trouvent les agriculteurs, qui ont besoin d'une réglementation leur facilitant la vie. Nos ouvriers, eux, ont besoin d'usines, et nos chefs d'entreprise de liberté pour développer leur activité. Nous avons collectivement besoin d'un État solide, d'une administration courageuse et d'une justice intransigeante avec les forts et bienveillante avec les plus faibles.
Chers collègues, vous savez comme moi que la France est le premier pays touristique au monde : excepté pendant la crise du covid, le tourisme représente 4 % de notre PIB. Ce statut de première puissance touristique, nous le devons à la qualité de notre gastronomie et à la beauté de nos paysages, et cette qualité et cette beauté, nous les devons à nos agriculteurs. Il suffit de prendre de la hauteur, au sens propre, pour s'en rendre compte : le travail de la main de l'homme en France est visible depuis l'espace. Les couleurs, les odeurs, la terre fertile, l'engagement, le dur labeur : ce sont nos agriculteurs. Ce sont eux les architectes du quotidien de notre pays.
Je repense à la jeune agricultrice que j'ai rencontrée à Camblain-l'Abbé, dans ma circonscription, qui me faisait part de ses craintes quant à son avenir : elle souhaite reprendre l'exploitation de son père, mais à quel prix ? Elle a pourtant des idées et des projets, comme celui de robotiser la traite, de s'agrandir et de répondre aux exigences environnementales. Les jeunes veulent s'engager, mais ils connaissent la précarité du monde agricole. Ils connaissent aussi le harcèlement : oui, chers collègues, à cause des méthodes de ce gouvernement, le monde agricole est harcelé, bousculé et conduit au bord de la disparition.
À Givenchy-le-Noble, les éleveurs m'ont parlé de l'image du monde agricole et du besoin d'une politique forte qui leur permettrait de vivre de leur production et non d'aides qui les obligent à vivoter au jour le jour. Nos agriculteurs souffrent : cette phrase n'est pas un slogan politique, ni un argument rhétorique, mais une réalité. En dix ans, 100 000 exploitations ont mis la clé sous la porte ; 25 % des agriculteurs ont plus de 60 ans et les moins de 40 ans ne représentent que 14 % de la population agricole. Dès aujourd'hui se pose la question du remplacement des départs en retraite. Avez-vous un plan, madame la Première ministre ?