Intervention de Marc Fesneau

Réunion du mercredi 6 décembre 2023 à 15h00
Commission des affaires économiques

Marc Fesneau, ministre :

Je vous remercie, monsieur Dive, de faire l'éloge de l'exportation. Ne disons pas que l'agriculture néo-zélandaise est industrielle ; c'est une agriculture hyperextensive : les parcelles sont très grandes et la densité faible. Ils remplissent ainsi facilement leurs devoirs en matière de climat, notamment ceux des accords de Paris.

Madame Bonnivard, nous allons regarder les Maec et les Paec pour encourager les candidatures des uns et des autres. Nous devons faire ce travail avec les agences de l'eau pour concrétiser nos engagements et avancer rapidement, ce mois-ci, sur le sujet.

Monsieur Chassaigne, je défends la cause des agriculteurs et la cause agricole. Beaucoup de sujets sont relatifs aux services – vous le savez d'ailleurs fort bien. Quant aux accords de libre-échange, ils ne sont pas nouveaux mais ils doivent être justes, notamment pour le climat. Nous avons besoin d'échanger avec nos voisins, surtout dans un contexte de dérèglement climatique car certaines années seront difficiles. C'est pour moi un crève-cœur, mais l'Union européenne a dû importer 20 millions de tonnes de céréales supplémentaires cette année – c'est pourquoi je demande des mesures sur les dérogations de jachère ; sans ces importations, comment nourrissons-nous les gens ? L'Espagne et l'Italie ont rencontré un problème climatique cette année, donc il faut avoir des relations non conflictuelles avec nos voisins et même avec les pays plus lointains ; sans cela, nous nous exposerions à de grandes difficultés : importer 40 millions de tonnes de céréales comme l'a fait l'Europe cette année représente une grave menace pour notre souveraineté. Les accords de libre-échange doivent être justes et nous devons porter une grande attention aux contreparties.

Monsieur Bazin, le modèle va changer : il ne faut pas dire aux agriculteurs que nous allons trouver les moyens de maintenir intégralement l'existant. Cela fait presque vingt-quatre mois qu'il ne pleut pas dans le Languedoc - Roussillon. Dans de telles conditions, le défi est de maintenir la vigne en vie et de chercher les voies de diversification : avec le changement climatique, la géographie de la production doit évoluer – cette question touche les autres régions, y compris la Lorraine. Les fonds de transition territoriaux, abondés de 200 millions d'euros, visent à anticiper et à accompagner les évolutions et non à maintenir le système jusqu'à ce qu'il s'effondre. Les zones soumises à un défi climatique immense et immédiat ainsi que les zones intermédiaires sont prioritaires ; les zones intermédiaires, comme le Berry, sont actuellement les plus menacées. Nous avons débloqué les moyens, reste à construire, avec les territoires, une trajectoire nouvelle et non à lutter pour préserver le statu quo : dans les zones intermédiaires, la nature des sols menace, davantage que dans les zones spécialisées, la polyculture et l'élevage, qui ne pourront pas s'en sortir par la seule irrigation.

Seuls six ou sept États membres de l'Union européenne possèdent un système comparable au nutri-score. Nous avons intérêt à lancer un processus d'harmonisation car le nutri-score fonctionne. Je me méfie beaucoup des étiquetages mais les gens se sont approprié celui-là. Son utilité est simplement minée par le fait que vingt pays de l'Union européenne ne l'utilisent pas.

Madame Hignet, s'agissant de l'endettement des agriculteurs, il faudrait disposer de montants en euros constants pour neutraliser l'inflation. Une partie du mal-être est liée à l'endettement, mais une partie seulement. Nous introduirons dans le projet de loi un dispositif d'allégement de la part du portage foncier et du portage de capitaux grâce à l'apport de garanties, afin de soulager le poids de l'endettement. Néanmoins, on ne peut pas à la fois demander aux éleveurs de se moderniser pour améliorer le bien-être animal et regretter leur endettement : faire plus de place aux truies et à leurs petits dans les logettes exige des aménagements onéreux. Ce surcoût ne se retrouve en outre jamais dans le prix : la grande distribution fait pression sur le producteur et celui-ci absorbe seul l'investissement.

Enfin, Monsieur le président, la crise de la betterave n'est pas généralisée, elle est même très localisée en Eure-et-Loir : nous couvrirons les risques, selon les modalités de couverture des crises de cette nature. Nous sommes sur le point de trouver un point d'équilibre : nous tiendrons nos promesses et aiderons les producteurs les plus touchés par la jaunisse – chez vous, les taux de perte se situent entre 40 % et 60 % –, mais nous ne répondrons pas favorablement aux demandes reconventionnelles. Par ailleurs, les prix sont très élevés, ce qui est une bonne nouvelle pour compenser les pertes. Nos engagements valent pour 2023 – année pour laquelle nous nous étions privés des outils relatifs aux néonicotinoïdes ; en 2024, notre action évoluera : j'ai pris des engagements clairs pour poursuivre les programmes de recherche, un chercheur m'ayant confirmé qu'il fallait entre quatre et six ans pour trouver des solutions alternatives aux néonicotinoïdes.

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