Seulement 38 % des médecins généralistes participent à la permanence des soins, contre 73 % en 2012. Si les médecins ne remplissent pas leur mission de service public, les courageux risquent de s'épuiser.
Face à cette pénurie manifeste, nous avons besoin de la mobilisation de tous les acteurs de la santé, suivant leurs compétences, pour assurer au mieux à la permanence des soins. Cela implique de soulever la question de la régulation de l'offre de soins et d'affronter sans tabou les défis auxquels nous sommes confrontés. Inciter des professionnels de santé exténués à travailler jusqu'à 72 ans pour pallier quarante ans d'inaction politique n'est en rien une réponse courageuse à la crise que nous traversons.
Nous regrettons que l'examen de la proposition de loi ait été une occasion manquée de lever le tabou de la liberté d'installation des médecins généralistes. Comme elle donne la priorité à la liberté d'installation des médecins au détriment des besoins de santé de la population, sa portée sera nécessairement limitée.
Quand 6,7 millions de personnes n'ont pas de médecin traitant, le temps n'est plus aux demi-mesures. Soyons lucides : on ne pourra garantir un accès égal aux soins pour toutes et tous, quel que soit le lieu de vie, sans répartir de la manière la plus juste possible les médecins généralistes sur notre territoire. Cela passe nécessairement par la régulation de l'installation des médecins, au même titre que celle des infirmières ou des pharmaciens.