Sans réel débat public, la présidente de la région s'est ruée sur la deuxième option, « pour améliorer le service », selon ses mots. Il s'agit d'un choix politique qui en dit long sur sa vision du service public. Alors que l'exemple de la grande couronne est loin d'être probant, il est encore temps de faire marche arrière avant la catastrophe : ne privatisons pas le reste du réseau !
Les difficultés que nous rencontrons actuellement ne seront pas réglées par la privatisation. Les fortes disparités sur le réseau de bus sont directement liées au manque d'attractivité du métier de conducteur. Pensez-vous que le basculement des conducteurs dans des entreprises privées, avec sans doute, au passage, le recul d'une bonne partie de leurs avancées sociales, améliorera la situation ?
Il incombe au contraire à la force publique de prendre les choses en main. Il revient à la région et à l'État de lancer une réelle politique publique d'amélioration du réseau, en investissant massivement dans les lignes et les infrastructures, et surtout en rendant le métier de conducteur plus attractif.
Nous discutions, il y a quelques mois, d'une proposition de loi de notre collègue Stéphane Peu, bien plus ambitieuse que celle que nous examinons aujourd'hui. Son objectif était de surseoir à l'ouverture à la concurrence, prévue en 2024. Nous vous exhortions à attendre et à prendre le temps de la réflexion pour mesurer les conséquences de nos choix – peine perdue.
La présente proposition de loi, déposée le 29 septembre, bénéficie du soutien du Gouvernement et constitue une réponse téléguidée par la présidente d'Île-de-France Mobilités, après le retrait de la proposition de loi de Stéphane Peu.
L'objectif politique du texte est simple : il s'agit d'étaler l'ouverture à la concurrence entre le 31 décembre 2024 et le 31 décembre 2026, preuve de l'impréparation de la région pour mener à bien cette opération. L'objectif est d'enjamber tranquillement les Jeux olympiques pour éviter tout mouvement social d'ampleur durant leur tenue.