Le ministre de l'éducation nationale a annoncé la semaine dernière, lors de la présentation de son « choc des savoirs », que le second degré se trouve au cœur de l'électrochoc et qu'il représente l'urgence nationale.
Pourtant, en pleine zone rurale, on s'apprête à fermer un collège : il s'agit de celui de Corlay, touchant ma circonscription, et il est bien loin d'être un cas isolé en France. L'annonce de fermeture du collège de Corlay par le président du conseil départemental, le 23 mai dernier, envoie un mauvais signal aux territoires ruraux dont le sentiment d'abandon reste fort et continue même de croître, comme l'indique le rapport d'information du comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques, déposé sur le bureau de notre assemblée le 6 avril 2023. Car oui, fermer un collège dans une ville de 960 habitants, c'est condamner un peu plus le territoire à une mort lente.
Pour l'ensemble des acteurs du territoire, cette décision est injuste : le collège de Corlay a l'indice de positionnement social le plus bas du département et joue à cet égard un rôle essentiel, notamment auprès des familles en situation de précarité ; les quatre classes qui le composent, une par niveau, permettent à l'équipe pédagogique d'assurer un excellent suivi des élèves. Et il faut savoir que cette annonce de fermeture n'a été précédée d'aucune étude d'impact ni de concertation préalable avec les acteurs du territoire. Cette décision est d'autant plus incomprise que cette commune se situe en zone de revitalisation rurale, c'est-à-dire que des mesures économiques et sociales sont censées être prises pour l'aider à se développer. Quelle est la cohérence de ce type de dispositif si l'on retire de ce territoire l'un des services publics les plus essentiels recherchés par les familles avant de s'installer ?
C'est d'ailleurs dans ce contexte de fermetures de classes et de collèges que se sont constitués plusieurs collectifs et associations dans les Côtes-d'Armor, comme le collectif 45 classes et l'association Maintien du collège de Corlay pour une ruralité vivante. La carte scolaire 2023-2024 projetant la suppression de quarante-cinq classes dans le département est inacceptable dans un territoire vieillissant qui souhaite se redynamiser.
Les arguments avancés portant sur la diminution du nombre d'élèves dans les établissements ou sur l'insuffisance de l'offre pédagogique ne tiennent pas, en témoignent les chiffres : le collège de Corlay a des effectifs stables, qui augmenteront même de 30 % d'ici à 2030.
Pour ce qui est de l'insuffisance de l'offre pédagogique, la solution serait de recruter et de rémunérer mieux. La politique menée depuis des années démontre une volonté de faire des économies sur l'éducation de nos enfants et tente de pallier le manque de professeurs et, pour ce faire, on mutualise encore et encore. Moins de classes et moins d'établissements cela signifie plus d'enseignants disponibles sans recrutement : il suffit de les déplacer, de les regrouper, un peu comme on déplace des pions sur un plateau de jeu. Pourtant, la réalité est toute autre sur le terrain : la priorité est de renforcer l'attractivité du métier d'enseignant en améliorant les salaires et les conditions d'enseignement.
Par conséquent, madame la ministre déléguée, que compte faire le ministre de l'éducation nationale pour mettre fin à cette vague de fermetures de classes et d'établissements et offrir une éducation et un accompagnement adapté à nos enfants dans tous les territoires, et des conditions de travail et de salaire dignes pour nos enseignants ?