Vous avez été l'architecte de France Travail, qui a débouché sur la loi dite « pour le plein emploi ». Votre potentielle arrivée à la tête de Pôle emploi parachèverait la grande entreprise macroniste de destruction du service public de l'emploi et de durcissement des conditions de vie des plus précaires. Nous avons eu des échanges animés dans cette salle sur le double choc entraîné par cette loi : 2 millions d'allocataires du RSA et leurs conjoints vont devoir effectuer des heures d'activité en échange de leurs maigres allocations et les entités du service public de l'emploi – agences Pôle emploi, missions locales, établissements et services d'aide par le travail et Cap emploi – vont subir de plein fouet la désorganisation et la concurrence du privé que vous promouvez.
Vous avez théorisé le strike antisocial et vous vous apprêtez à le réaliser. Votre philosophie part du principe que les chômeurs le restent parce qu'ils ne font pas assez d'efforts pour chercher un emploi ou parce qu'ils ne veulent pas travailler. Il faut donc les traquer, les surveiller et les contrôler. La vérité, c'est que votre projet va créer une armée de travailleurs pauvres. La vérité, c'est que notre pays n'a pas suffisamment d'emplois disponibles par rapport au nombre de personnes en âge de travailler. La vérité, c'est que de plus en plus d'emplois sont terriblement mal rémunérés au regard de leur pénibilité ou qu'ils manquent cruellement de sens et deviennent des bullshit jobs. La vérité, c'est que de nombreuses mères isolées n'ont pas les moyens de faire autrement que de rester au RSA.
De quels moyens disposerez-vous pour mettre en œuvre les nouvelles missions et accueillir le flux de nouveaux inscrits, qui va submerger les services avec les effets de la réforme des retraites ? Ce seront des cacahuètes ! Vous prévoyez le pilotage aux résultats pour faire pression sur les salariés. Les méthodes du new management conduisent à une déshumanisation des services publics et au mal-être des agents – on l'a vu avec la tarification à l'activité. Vous anticipez par ailleurs la privatisation puisque vous défendez le recours à la sous-traitance. Dans ces conditions, serez-vous le liquidateur de Pôle emploi ?