Monsieur le rapporteur, vous dites que la langue est le fruit des usages et des traditions : cela veut bien dire qu'elle n'est pas le fruit de la loi, mais de rapports sociaux et de mouvements parfois contradictoires. Vaugelas n'était pas du tout isolé dans sa conception du genre masculin ; si vous le voulez absolument, je peux vous citer François-Eudes de Mézeray, de l'Académie française, qui disait « préférer l'ancienne orthographe, qui distingue les gens de lettres d'avec les ignorants et les simples femmes ». Au dix-septième siècle, il y a eu un mouvement qui a voulu reviriliser la langue, les historiens l'ont démontré : des mots féminins ont disparu, et de nouvelles règles d'accord ont été imposées qui n'étaient même pas celles utilisées par Corneille ou Racine. L'évolution pousse aujourd'hui certains et certaines à mener des expérimentations pour rendre la langue plus inclusive. Nous ne vous proposons pas de les inscrire dans la loi, mais de respecter ce que la langue française a toujours été : le fruit de ses usages, mais aussi des tensions et des contradictions qui traversent la société.
Monsieur Odoul, toutes les femmes que vous avez citées ont dû se battre pour obtenir leur place !