À intervalles réguliers, notre assemblée légifère sur l'avenir de l'école. Ainsi la formation des professeurs a-t-elle été réformée cinq fois au moins depuis 2005, sans que l'on mesure les effets de ces changements ou que l'on en tire un bilan consolidé. Ce sera sans doute l'un des objets de la mission d'information que conduiront nos collègues Rilhac et Chudeau ; nous nous en réjouissons.
Le manque criant d'attractivité du métier d'enseignant, d'une part, la baisse du niveau de recrutement, d'autre part, motivent la présente proposition de loi. Nous ne pouvons que partager ce constat dramatique. Nous approuvons l'orientation générale du texte : le rétablissement du concours au niveau de la licence, pour accroître le vivier de recrutement. Cela permettra en outre d'attirer davantage d'étudiants issus des milieux modestes, qui ne peuvent pas financer cinq ans d'études. Nous approuvons également la volonté de redresser le niveau de recrutement, qui baisse drastiquement depuis des années.
Mais nous craignons que l'accent mis sur la professionnalisation et la pédagogie, certes indispensables à la formation, ne permette pas de relever le niveau disciplinaire des candidats. Qu'en sera-t-il du contenu de la formation et du concours ? Comment enrichir le vivier tout en élevant le niveau des futurs professeurs après trente ans de nivellement par le bas et d'affaissement terrible du niveau général ?
Plus largement, quel rôle donnons-nous à l'école et qu'attendons-nous de ses professeurs ? Sommes-nous d'accord pour considérer que leur mission centrale est d'instruire, c'est-à-dire de transmettre les savoirs fondamentaux ? Cet objectif de bon sens ne va plus de soi. On a donné tant de missions à l'école qu'on en a dilué le sens. Or l'instruction n'est pas une violence, mais la clé de la liberté.
Si ces questions ne sont pas débattues et clarifiées, nous risquons de faire une réforme de plus pour rien. Voilà pourquoi nous ne voterons pas cette proposition de loi, bien que nous en partagions les grandes orientations.