Tout d'abord, je me réjouis que nous examinions une proposition de loi visant à sauvegarder le cinéma dans les outre-mer, qui a été adoptée la semaine dernière en commission. Je suis heureux que le cinéma français tienne globalement le choc malgré la crise sanitaire. Il est indispensable qu'à long terme, il demeure une sortie culturelle accessible aux Français. D'année en année, la fréquentation renoue peu à peu avec celle de la période pré-covid. C'est un signe enthousiasmant pour toute la filière.
Les cinémas d'outre-mer présentent des spécificités par rapport à ceux de métropole. Leurs coûts d'exploitation et d'investissement sont plus élevés car ils doivent notamment respecter des normes sismiques, cycloniques et de sécurité bien plus contraignantes ; ils dégagent donc une rentabilité plus faible. Si le taux de location n'était pas plafonné, son augmentation serait tout simplement insoutenable pour de nombreux exploitants ultramarins et conduirait indéniablement à la fermeture d'établissements. Cette conséquence serait tragique alors même que le nombre de salles par habitant est déjà deux fois moins élevé que dans l'Hexagone.
De plus, la hausse ne semble d'ailleurs pas justifiée puisque les distributeurs perçoivent déjà un montant par billet proche de celui perçu en métropole – 2,70 euros contre 2,78.
Les exploitants de cinémas d'outre-mer, auditionnés dans le cadre des travaux de la proposition de loi, ont reconnu qu'instaurer un taux de près de 50 % pourrait mettre « en péril » – ces mots ont été prononcés – une diversité de films, puisque pour faire des bénéfices, les exploitants pourraient concentrer leur activité sur la diffusion de blockbusters, ces superproductions qui garantissent de nombreuses entrées et qui sont déjà surreprésentées dans l'offre cinématographique de ces territoires. Ces productions sont américaines, dans l'écrasante majorité des cas. Or il serait triste, compte tenu de la richesse de l'offre cinématographique française annuelle, que ces films ne puissent être diffusés à nos compatriotes ultramarins.
Du reste, si nous voulons préserver notre exception culturelle française, nous devons garantir la distribution de tous ces films en outre-mer – aucune exception ne doit être tolérée en la matière.
En tant que rapporteur pour avis de la mission "Médias, livre et industries culturelles" du PLF, j'ai auditionné plusieurs fois les acteurs de la filière cinématographique qui m'ont fait part de leur inquiétude, notamment quant à l'inflation des coûts. Je sais que ces préoccupations sont fortement partagées par les salles d'outre-mer, qu'il s'agisse des coûts de l'énergie, qui flambent, ou des impératifs de renouvellement des projecteurs laser et de rénovation.
La proposition de loi répond, selon les députés du groupe Rassemblement national, à de multiples enjeux économiques, sociaux et culturels, en sécurisant et en pérennisant l'activité et la filière cinématographiques, vecteurs de culture. Elle préserve l'emploi dans ce secteur, protège les populations ultramarines les plus fragiles d'une augmentation des tarifs du cinéma ; enfin, elle garantit la distribution d'une offre culturelle et un accès pour tous à la culture cinématographique dans les outre-mer. Notre groupe votera donc cette proposition de loi.