Les vertus du cinéma ne sont plus à débattre : il forge nos imaginaires, fait voyager le spectateur, et il est aussi un formidable levier d'éducation populaire. À cet égard, nous ne pouvons que nous réjouir de l'évolution positive de la fréquentation des salles ces derniers mois. Après avoir fait face à l'essor des plateformes de streaming, à la fermeture des établissements durant la crise sanitaire puis à la hausse des prix de l'énergie, l'horizon semble s'éclaircir pour les salles obscures.
Le cinéma va mieux en France, il retrouve pratiquement son rythme de croisière d'avant la crise sanitaire. C'est un soulagement pour un secteur dont les acteurs estimaient, pendant un temps, qu'ils ne se remettraient jamais de cette crise. C'est un soulagement plus large pour toutes celles et ceux qui sont attachés à la vitalité des lieux de culture dans ce pays.
Cette évolution est positive mais reste fragile. La fréquentation en octobre est en recul de 4 % par rapport à l'année précédente. Elle devrait s'établir pour l'année 2023 à 10 % de moins que son niveau de 2017. Cette fragilité cache par ailleurs de fortes disparités territoriales. La situation des territoires ultramarins qui nous réunit aujourd'hui atteste ces disparités.
En outre-mer, les coûts d'exploitation et d'investissement sont plus élevés pour tenir compte des conditions climatiques, des normes parasismiques, cycloniques, de la sécurité ou de l'éloignement qui implique des importations coûteuses. Ces spécificités justifient déjà depuis longtemps un régime particulier et une fiscalité allégée pour les exploitants en outre-mer, qui hélas ne suffisent pas à compenser l'explosion inédite des coûts de l'énergie et des matières premières.
Dans le même temps, et vous le savez, le prix d'une place de cinéma dans les outre-mer est déjà supérieur au prix pratiqués dans l'Hexagone. Répercuter les surcoûts sur une nouvelle hausse du prix des places risquerait donc de priver les plus précaires d'un accès au cinéma. Le groupe Écologiste – NUPES déplore que les acteurs n'aient pu parvenir à un accord sur le partage de l'effort. Il nous semblait pourtant qu'assurer le développement du cinéma en outre-mer relevait d'un intérêt général et commun entre exploitants de salle et distributeurs.
Le groupe Écologiste déplore également le manque de soutien durable du Gouvernement à la diffusion des œuvres cinématographiques en outre-mer. Des mesures ont été proposées ici lors de la discussion budgétaire. Le Gouvernement les a écartées.
Le texte que nous examinons propose un plafonnement du taux de location perçu par les distributeurs à 35 % en outre-mer. Cette mesure permet d'éviter d'aggraver le déséquilibre entre les salles de cinéma de métropole et celles des territoires ultramarins. La fragilité des exploitants de cinéma dans les territoires ultramarins le justifie. La mesure est par ailleurs légitime lorsque l'on sait que le plafonnement proposé confortera en réalité la répartition actuelle de la valeur entre les acteurs ultramarins, qui rémunèrent les distributeurs quasiment autant que dans l'Hexagone. Le groupe Écologiste votera donc en faveur de ce texte.