Je tiens d'abord à remercier nos collègues Maud Petit et Johnny Hajjar pour la qualité de leur travail. Dans nos territoires ultramarins comme dans l'Hexagone, le cinéma est un divertissement apprécié par tous les publics, particulièrement par les plus jeunes. Il l'est d'autant plus chez nous que l'offre culturelle demeure modeste par rapport à celle de l'Hexagone. Il n'est pas seulement un divertissement, mais est aussi un plus culturel, voire un enrichissement.
Toutefois le cinéma en outre-mer doit aujourd'hui faire face à des investissements élevés, à des charges d'exploitation qui augmentent, à l'inflation qui frappe un public dont le niveau de vie est inférieur à celui des Français de l'Hexagone et qui est obligé de réduire ses loisirs, alors que dans le même temps, les distributeurs recherchent toujours plus de rentabilité économique.
Demander le même taux de location dans l'Hexagone et en outre-mer reviendrait tout simplement, monsieur le ministre délégué, à programmer la mort lente mais inéluctable du cinéma dans nos territoires. Derrière le sujet des taux de location, c'est la continuité économique culturelle qui est en jeu.
Jusqu'à présent, l'État – au moyen de la TVA et de la taxe spéciale réduites – et les distributeurs – avec un taux de location de 35 % – sensibles à nos spécificités, concédaient des efforts. Mais depuis deux ans, nous assistons à des velléités de la part de nombreux distributeurs de voir ce taux de location aligné sur celui de l'Hexagone, ce qui constituerait une grave menace de disparition de nos cinémas dans la plupart des territoires ultramarins. Nous refusons cette destinée, c'est pourquoi nous soutenons cette proposition de loi adoptée à l'unanimité en première lecture par le Sénat, qui prévoit de fixer un taux de location entre 25 % et 35 % en outre-mer.
Je profite de cette prise de parole pour appeler votre attention sur la production audiovisuelle dans nos territoires, soumise à une rude concurrence dans nos bassins géographiques, et qui résiste malgré les surcoûts.
J'avais déposé un amendement à la première partie du projet de loi de finances (PLF), visant à augmenter le crédit d'impôt dans nos territoires, à l'image des dispositions prévalant pour le crédit d'impôt recherche (CIR) – 30 % dans l'Hexagone, 50 % dans les territoires ultramarins.
Pour conclure, les députés du groupe Socialistes et apparentés souhaitent que cette proposition de loi puisse être adoptée dans des termes conformes à ceux du Sénat dès aujourd'hui, en vue d'une entrée en vigueur rapide. Ce serait un beau signal pour nos exploitants de cinéma et surtout pour l'accès de nos concitoyens ultramarins à la culture cinématographique.
Quand on aime la vie, et quand celle-ci est difficile, on va au cinéma. Alors, favorisons le cinéma. La culture est un bien commun qui doit bénéficier à tous, où que l'on habite et quelle que soit la latitude sous laquelle on vit.