Mettons-y aussi Marseille, en particulier ses quartiers nord. Beaucoup de villes sont en demande de moyens, dans ce pays où la cité, la commune, cellule de base de la République, a été singulièrement affaiblie.
Après la destruction des quelques leviers fiscaux qui étaient aux mains des collectivités locales, l'instauration de dispositifs de contractualisation visant à contraindre les dépenses de certaines villes et la poursuite du désengagement local de l'État, affirmer que ce texte est animé par l'ambition de soutenir les collectivités relève de la provocation. Cela est d'autant plus vrai que les recettes fiscales émanant des casinos sont largement surestimées et demeurent aléatoires.
Dans le cadre de sa journée d'initiative parlementaire, il y a quelques mois, le groupe communiste a soutenu une proposition de loi visant à indexer la dotation globale de fonctionnement (DGF) sur l'inflation, dont l'examen a été empêché par le Gouvernement et par la majorité, qui ont usé de manœuvres d'obstruction pour parvenir à leurs fins. Or c'est plutôt cela que réclament les collectivités !
Vous ne posez pas la question essentielle : l'intérêt général commande-t-il de développer les casinos et leurs jeux d'argent ? Un tel développement est-il utile et bénéfique à la société ? Les jeux d'argent et de hasard constituent-ils un outil de cohésion et d'émancipation ?
Il y a un an, j'ai déposé sur le bureau de l'Assemblée nationale une proposition de loi relative à la lutte contre les addictions aux jeux d'argent et de hasard et à la régulation de la publicité pour les paris sportifs en ligne ; pour votre part, vous proposez d'augmenter le nombre d'enseignes qui clignotent. Le 28 novembre, M. le ministre de la santé et de la prévention a présenté un programme national pour lutter contre les addictions au tabac ; il nous faut également lutter contre les addictions aux jeux d'argent, qui font des dégâts monumentaux dans les vies et dans les familles. Je rappelle que l'Observatoire des jeux, en 2019, estimait à 1,4 million le nombre de joueurs à risque, dont près de 400 000 joueurs pathologiques. À la clé, des difficultés relationnelles, professionnelles, psychologiques ou encore physiques. Le jeu peut être un plaisir magnifique, mais le jeu d'argent constitue une catégorie à part, à laquelle il convient de poser des limites.
Cette nécessité ne découle d'ailleurs pas de raisons morales, mais de raisons politiques. Nous devons interroger la mécanique même des jeux d'argent, où la plupart des joueurs sont perdants et qui servent à dégager du profit pour quelques-uns. Tels qu'ils sont formatés, ils entretiennent souvent chez les joueurs des sociabilités problématiques, le modèle de la richesse comme but ultime, le modèle d'une société fondée sur les inégalités et le mythe de l'argent facile. Vous viendrez ensuite nous parler de la valeur travail érigée en injonction morale… Augmentez plutôt les salaires ; il y aura moins de gens qui se diront que leur seule chance de s'en sortir réside dans le secours improbable d'un coup de dés.
Il y a déjà des casinos en France. Y a-t-il besoin d'en ouvrir plus ?