Intervention de Paul-André Colombani

Séance en hémicycle du lundi 4 décembre 2023 à 15h00
Défense des démocraties face aux multiples menaces et tentatives de déstabilisation — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul-André Colombani :

Chaque jour, le contexte international nous rappelle les menaces qui pèsent sur la démocratie. La montée en puissance des populismes et des extrémismes, partout dans le monde, nous interpelle et nous inquiète. Face à cette situation, il semble dérisoire que la représentation nationale soit amenée à examiner un texte non performatif, dont le seul objet est de condamner ce qui est condamnable tout en demandant au Gouvernement de ne rien changer.

Je le dis avec d'autant plus de franchise que le groupe LIOT s'est joint à toutes les initiatives de cette assemblée pour affirmer son opposition à toutes les formes d'autoritarisme, en particulier la répression en Iran, le terrorisme du Hamas, le non-respect du droit humanitaire dans les territoires palestiniens, l'invasion en Ukraine et l'Holodomor ainsi que l'invasion du Haut-Karabakh par l'Azerbaïdjan.

Soyons un peu sérieux. Le débat de cet après-midi conforte l'idée selon laquelle notre travail se limiterait à des déclarations d'intention et à une politique verbeuse, d'autant que les questions relevant des relations internationales sont peut-être celles qui échappent le plus à notre compétence – même si elles font l'objet d'un consensus plus large que d'ordinaire dans l'hémicycle.

Certes, la menace qui pèse sur le modèle démocratique est souvent extérieure : je pense aux ingérences du régime chinois, à la désinformation menée par la Russie de Vladimir Poutine. Mais le péril est intérieur aussi, car les démocraties ne s'écroulent du dehors que lorsqu'elles sont essoufflées au-dedans.

À ceux qui disent que la démocratie est vivante dans ce pays, je répondrai qu'elle manque de vitalité et que là est le plus grand danger. La défiance des citoyens, leur abstention, leurs positions de plus en plus radicales ne s'expliquent pas uniquement par des influences extérieures, elles trouvent leurs sources dans une désillusion et une insatisfaction croissante envers la mise en œuvre de l'idéal démocratique.

Ainsi, les nombreux recours au 49.3, les attaques systématiques contre les corps intermédiaires, l'injustice fiscale, la concentration des pouvoirs dans les mains d'une poignée de dirigeants, la non-reconnaissance des langues et des cultures de nos territoires, les affaires du monde politique et j'en passe, épuisent les citoyens.

La démocratie représentative a indéniablement besoin d'un nouveau souffle. Le groupe LIOT appelle à une réforme du référendum d'initiative partagée, de la démocratie locale – pour plus d'autonomie – et de l'initiative européenne. Ces trois strates, respectivement nationale, locale et européenne, sont insuffisamment à l'écoute directe des citoyens. La Convention citoyenne pour le climat et le Grand débat n'ont pas répondu à cette attente. Ce que les citoyens demandent, ce que nous demandons en tant qu'élus, c'est plus de démocratie directe et plus de démocratie territoriale.

Défendre la démocratie, c'est également écouter les voix qui s'expriment à l'échelle régionale. Lorsque nous autres, Corses, demandons au Gouvernement plus d'autonomie, de compétences et un véritable statut pour notre peuple, notre île, notre histoire et notre culture, nous ne sommes pas antidémocrates, bien au contraire ! Le Président de la République semble avoir entendu cet appel et, surtout, avoir pris la mesure du caractère profondément légitime de cette aspiration. Son discours du 28 septembre à Ajaccio est à cet égard un signal très positif ; il faut maintenant le traduire en actes.

Le groupe LIOT est profondément attaché à la démocratie, à la justice sociale et à la reconnaissance des territoires ; il s'oppose à toute forme de pression sur l'idéal démocratique et rejette toute tendance à l'oligarchie dans les partis politiques. C'est pourquoi il mène à l'Assemblée nationale un combat pour montrer qu'il est possible de trouver une autre voie dans cet hémicycle, entre opposition et construction.

Nous partageons donc le propos de cette proposition de résolution. En revanche, nous estimons qu'elle est incomplète et qu'elle enfonce des portes ouvertes.

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