Intervention de Clémence Guetté

Réunion du mardi 21 novembre 2023 à 17h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémence Guetté, rapporteure :

L'idéologie n'est pas un gros mot. Nous avons des visions divergentes s'agissant de l'agriculture et de la bifurcation écologique, ainsi que de la vitesse de cette dernière. Pour l'instant, les politiques que vous menez ne sont absolument pas à la hauteur de l'urgence. C'est en effet idéologie contre idéologie, car il n'est un secret pour personne que nous n'avons pas la même. Nous essayons de faire valoir nos propositions dans le cadre contraint d'une niche parlementaire.

Je ne vais pas vous faire l'affront de répéter une troisième fois les critères précis sur lesquels nous nous sommes appuyés pour définir les méga-bassines qui feront l'objet d'un moratoire – plus de 200 000 mètres cubes et de 3 hectares, c'est-à-dire les très grands ouvrages. Le texte ne vise absolument pas toutes les réserves de substitution ou tous les stockages d'eau destinés à l'irrigation agricole, loin de là. Les hydrologues et les représentants des ministères de la transition écologique et de l'agriculture ont confirmé qu'un recensement approximatif à paraître bientôt évalue entre 600 000 et 800 000 le nombre de retenues de tous types – collinaires, de substitution, petites ou grandes.

Encore une fois, notre proposition ne concerne qu'une infime minorité de ces ouvrages et ne s'en prend pas au principe même du stockage d'eau destinée à l'irrigation. Il faut éviter les faux débats. Nous avons justement choisi à dessein un dispositif qui est relativement restrictif et raisonnable.

Vous avez raison de dire que les situations sont différentes selon les territoires. Nous sommes contre le déploiement général des méga-bassines, car ces immenses ouvrages sont une mauvaise idée partout.

Avez-vous déjà vu une méga-bassine ? C'est absolument terrifiant : un grand trou bâché de plusieurs hectares, entouré de digues et qui coûte extrêmement cher. C'est un modèle basé sur le gigantisme, qui n'est pas souhaitable pour les agriculteurs et qui est dangereux pour la biodiversité. Des oiseaux tombent régulièrement dans ces méga-bassines et s'y noient, et c'est cette eau qui est utilisée pour irriguer des cultures – dont certaines sont parfois destinées à l'alimentation humaine. Les conséquences sont également négatives en matière énergétique puisque, contrairement aux retenues collinaires qui utilisent la gravité pour faire couler l'eau, les méga-bassines sont généralement installées en plaine et il faut pomper l'eau. Ces installations sont entourées par ce que l'on appelle des pieuvres, c'est-à-dire des kilomètres de tuyaux enfouis sous terre pour irriguer les différentes parcelles. Cela n'est donc pas raisonnable en ce qui concerne l'emprise au sol.

Nous ne prévoyons pas un moratoire pour toutes les installations de stockage d'eau. On pourrait avoir un débat beaucoup plus fin, peut-être dans le cadre des PTGE. Mais ces derniers ne sont malheureusement pas généralisés.

Quoi qu'il en soit, les très grands ouvrages ne sont absolument pas une bonne idée.

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