Intervention de Lisa Belluco

Réunion du mardi 21 novembre 2023 à 17h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLisa Belluco :

Le changement climatique induit ce que l'on pourrait qualifier de changement aquatique : les sécheresses et inondations sont plus intenses et plus fréquentes ; le cycle de l'eau est profondément altéré. Nous avons perdu 14 % de l'eau disponible sur notre territoire en à peine vingt ans.

C'est grave pour le vivant, dont nous faisons partie, car l'eau est la plus indispensable condition d'existence. Cette raréfaction de la ressource menace les écosystèmes de notre pays, déjà en péril. Et si nous en restons plus trivialement à nos intérêts purement humains, toutes nos activités dépendent de l'eau : sans elle, aucune usine ne fabriquera le moindre objet, aucune centrale nucléaire ne générera de l'électricité, aucun champ ne produira de céréales. Dans ce contexte de raréfaction de l'eau, on comprend le réflexe de stockage, pour ne pas dire de thésaurisation. Au risque de vous étonner, je veux dire ici que le groupe Écologiste est – et a toujours été – favorable à la conservation de l'eau.

Cependant, il y a deux façons de conserver l'eau.

Pour décrire la première, je vais faire quelques propositions qui vont certainement plaire à ma collègue du groupe Renaissance. Je vous suggère, par exemple, de lutter contre le changement climatique pour protéger les glaciers et s'assurer que la fonte des neiges continuera à garantir un débit continu des cours d'eau. Vous pouvez stopper l'artificialisation des sols, qui empêche l'infiltration de l'eau dans les nappes phréatiques et provoque le ruissellement des eaux et les inondations qui s'ensuivent. Vous pouvez planter des haies et renaturer les cours d'eau, afin de laisser à l'eau le temps de s'infiltrer dans les sols. Vous pouvez protéger les espaces de stockage naturel, notamment les zones humides, favorisant ainsi le remplissage des aquifères. Vous pouvez transformer votre modèle agricole pour que les sols soient vivants, spongieux et capables de retenir l'eau plutôt que de la laisser ruisseler. Cette première façon de conserver l'eau garantit que tous les humains et les écosystèmes en aient suffisamment pour répondre à leurs besoins.

La deuxième façon consiste à creuser des trous de la taille d'une dizaine de terrains de football avec de l'argent public, d'y mettre une bâche, de pomper l'eau dans les nappes phréatiques pour l'y déverser et se l'approprier. C'est la technique des méga-bassines, qui garantit qu'une minorité d'agriculteurs irrigants accapare l'eau, empêchant les populations, les paysans et les écosystèmes d'y accéder équitablement pour leurs besoins.

La première méthode fait de l'eau un bien commun stocké efficacement ; la seconde méthode fait de l'eau un bien appropriable, un facteur de production au détriment des usagers et des écosystèmes. Vous l'aurez compris, nous voterons pour ce moratoire.

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