Intervention de Pierre Vatin

Réunion du mardi 21 novembre 2023 à 17h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Vatin :

En 2018, le Président de la République avait promis de tirer les leçons de l'ouragan Irma, avec une loi de prévention des risques naturels en outre-mer, qui n'est jamais venue. Comme le souligne notre collègue Marcellin Nadeau dans son rapport pour avis sur le projet de loi de finances pour 2024, relatif à la protection de l'environnement et à la prévention des risques, les moyens humains et matériels consacrés aux outre-mer sont notoirement insuffisants – sous-dotation en effectifs, matériels défaillants, systèmes d'alerte lacunaires, fonds d'aide sous-mobilisés. Il faudrait des moyens supplémentaires sur place, positionnés en permanence, non des options de court terme prises dans l'urgence et pas toujours abouties. À Mayotte, la crise de l'eau potable résulte clairement d'un manque de préparation de l'État, malgré des pénuries de plus en plus fréquentes. De plus, les montants d'aide accordés sont peu transparents, comme l'a révélé la délégation sénatoriale aux outre-mer du Sénat.

Si les responsabilités de l'État semblent déjà bien identifiées, avec d'ailleurs l'impression d'une tutelle méprisante parfois exercée sur les élus et les habitants, celles des Ultramarins ne devront pas être éludées, le déficit de moyens et l'exception outre-mer servant trop souvent d'excuses pour masquer leurs propres manques. Je pense à la défiance des populations, notamment des jeunes, vis-à-vis des consignes de sécurité en cas d'alerte ou au retard des collectivités dans le déploiement des plans de sauvegarde et de prévention des risques, ou dans la conduite des investissements dans la résilience des réseaux, faute d'une gestion appropriée.

Nous nous interrogeons aussi sur la survivance d'un habitat informel sans droit ni titre, qui est un obstacle à la bonne indemnisation et à l'assurabilité des biens.

Enfin, puisque mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde, nous défendrons un amendement visant à rétablir l'expression classiquement employée d'« outre-mer », au détriment de l'innovation langagière comprise du seul groupe La France insoumise de « territoires transocéaniques de France ». La première appartient au langage courant, et personne ne nous fera croire que les millions de Français qui l'utilisent quotidiennement seraient des racistes en puissance. Ce n'est pas parce que vous renoncerez à appeler l'outre-mer ou la province de leur nom que vous améliorerez la considération et la reconnaissance qu'on leur porte.

Néanmoins, nous voterons cette proposition de résolution qui porte sur une question fondamentale.

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