On découvre régulièrement, dans les journaux ou à la radio, les situations ubuesques de retraités ne parvenant pas à bénéficier de leur retraite ou, plus généralement, d'usagers qui ne rentrent pas dans les cases. Bref, l'objectif de cette république en déclin n'est plus d'offrir à tous l'idéal d'un égal accès aux services publics, mais bien de proposer à nos compatriotes les plus fragiles, les plus âgés, à ceux de la ruralité et des cités, un service public low cost, à bas coût. Ce service public amoindri, altéré, se compose d'administrations régulièrement fermées au public, contraintes de délivrer un service de seconde zone, un service pour sous-citoyens. Certains citoyens apparaissent donc comme moins importants que d'autres ; on considère qu'ils peuvent attendre et on les méprise par l'oubli. Vous l'avez compris, c'est cela qui me révolte et qui doit tous nous révolter.
C'est pourquoi il faut rouvrir les accueils physiques dans les services publics et renouer avec ce qui fait la grandeur et la qualité du service public. Peut-on continuer à banaliser, pire, à théoriser comme un progrès, l'existence d'administrations qui ne reçoivent plus de public, qui n'ont plus d'accueil physique personnalisé, mais simplement un robot au bout du fil ou, au mieux, un centre d'appels qui nécessite de passer des heures à articuler des mots-clés ou à taper 1, 2, 3 sur le clavier numérique ?
L'an dernier, le Défenseur des droits signalait que la dématérialisation était responsable de flagrantes ruptures de droits et dénonçait la gravité de la situation. Les dégâts sont considérables. Combien de millions de nos compatriotes se trouvent ainsi privés d'un accès normal aux administrations ?
Enfin, les maisons France Services, présentées comme la solution miracle à tous les problèmes d'éloignement et de fermeture des services publics, demeurent insuffisantes. Cet outil, vanté aux élus désespérés par la disparition des administrations, se révèle inadapté car il est sous-financé par l'État et repose sur des agents précarisés, insuffisamment formés. Comme toutes les mesures alternatives à l'accueil physique, il ne peut être considéré comme un progrès, mais seulement comme une régression ; en ce sens, nous vous rejoignons, madame le rapporteur.
Rappelons que le président Emmanuel Macron avait déclaré : « […] nos services publics devront porter [l']espérance » en « une vie meilleure ». C'est tout le contraire qui se produit.
Julie Gervais, maître de conférences à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le dénonce : avec la fermeture des services publics, explique-t-elle, « on crée une sous-France de zones désertées, où les habitants se sentent hors jeu, humiliés ». Je le crois fermement ; je pense avec elle que la nouvelle gestion publique, le fameux new public management, a principalement produit des mécanismes de dégradation des services publics.
L'accès aux services publics, c'est l'accès aux droits, l'accès de chacun à ses droits de citoyen, notamment celui d'être aidé et défendu. Mes chers collègues, parce que, pour le groupe Rassemblement national, il n'y a pas de sous-citoyens en France, ni dans les campagnes, ni dans les cités, la seule solution est bien la réouverture des accueils physiques dans tous les services publics !
Comme 91 % des Français, nous sommes donc favorables à la réouverture des accueils physiques dans les services publics.