Les derniers épisodes de sécheresse nous ont confirmé que la question de l'eau et de son partage devenait centrale dans notre pays. L'avis du Conseil économique, social et environnemental (Cese) du 11 avril 2023 en fait mention : « Des périodes de sécheresse plus précoces, longues et étendues tendent à se répéter chaque année depuis 2017. 93 départements connaissaient fin août 2022 des problèmes d'alimentation en eau potable, à des degrés variables selon les territoires. »
La question du partage et de la gestion de l'eau est en effet plus que jamais d'actualité et d'intérêt public. Je vous rejoins sur ce point, madame Guetté, et je vous remercie de nous donner l'occasion de penser ensemble cet impératif. Dans votre rapport, vous faites état de la situation de l'eau dans le secteur agricole : avec 58 % de la consommation totale d'eau, l'agriculture est la première consommatrice du pays. C'est la raison pour laquelle l'accompagnement de la transition agricole est un défi majeur pour assurer son adaptation au changement climatique ainsi que la souveraineté alimentaire de la France.
Les réserves ou retenues de substitution en eau pourront constituer un des outils nécessaires pour accompagner l'adaptation de l'agriculture française au changement climatique, à condition d'être utilisées dans le cadre de cultures adaptées – la sobriété dans l'utilisation de la ressource en eau doit être de mise –, mais également en tenant compte de la nature géologique des sols et des nappes phréatiques considérées. Cette transition doit permettre à la fois la préservation de la ressource en eau, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, et une meilleure résilience des exploitations agricoles.
Cependant, comme cela a été évoqué lors des auditions menées en préparation de cette proposition de loi et dans le cadre de la mission d'information sur l'adaptation de la politique de l'eau au défi climatique, conduite par les corapporteurs MM. Yannick Haury et Vincent Descoeur, tous les projets de réserves d'eau n'affectent pas structurellement les nappes. Certains se montrent vertueux, et cela depuis de nombreuses années, comme l'a rappelé M. Turquois.