Voilà, pour la protection des consommateurs.
Ensuite, il y a le prix plancher, qui entre en jeu dans la négociation avec le producteur. Il s'agit là de protéger nos agriculteurs, nos éleveurs et nos pêcheurs – on n'en a pas beaucoup parlé mais ils sont, eux aussi, concernés par ce texte.
Une oratrice a dit un peu plus tôt que l'inflation était due à l'augmentation des prix de transport et des coûts des matières premières à l'international ; mais est-ce une raison pour faire payer cette inflation exogène aux producteurs ? Pourquoi les agriculteurs devraient-ils diminuer leurs marges jusqu'à vendre à perte, alors que les distributeurs maintiennent leurs marges arrière et les multinationales, leurs surmarges ? L'instauration d'un prix plancher assurera à nos producteurs une sorte de revenu minimum.
La ministre déléguée a évoqué, pour sa part, la loi du marché qui interdirait à l'État d'intervenir dans l'économie. Je vous invite à regarder ce que cette loi donne en Polynésie : un groupe qui possède 80 % de la grande distribution se développe aujourd'hui dans l'agriculture et le transport, jusqu'à en détenir le monopole. La loi du marché que vous défendez conduit à la constitution d'oligopoles dans la production, la vente et le transport. Est-ce conforme au contrat social ? La loi du marché, c'est la loi du plus fort – et il ne me semble pas que ce soit là le modèle politique que vous soutenez.
Enfin, madame la ministre déléguée, vous dites que le protectionnisme mènerait à une augmentation des importations. Pourtant, le gouvernement polynésien – la Polynésie n'est pas encore indépendante et se trouve donc toujours assujettie à la Constitution française – a décidé d'interdire l'importation de toutes les denrées qui peuvent être produites chez nous, par exemple les tomates. Il est donc faux de prétendre que le protectionnisme et l'aide à la production locale conduiraient à une hausse des importations, car les importations, ce sont les distributeurs qui en sont responsables, parce que tout ce qu'ils veulent, c'est acheter le produit le moins cher possible.