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Intervention de Sophie Taillé-Polian

Séance en hémicycle du jeudi 30 novembre 2023 à 9h00
Encadrement des marges des industries agroalimentaires — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Taillé-Polian :

Depuis trois ans maintenant, la France subit une explosion de l'inflation, qui grève considérablement le pouvoir de vivre des Françaises et des Français. En cause : de fortes tensions sur l'approvisionnement énergétique liées à la baisse structurelle des ressources en énergie fossile, mais aussi le changement climatique qui multiplie les épisodes de sécheresse, affectant durablement les productions agricoles ; en cause encore, la guerre menée par la Russie en Ukraine, qui fait flamber les prix de l'énergie et des matières premières agricoles ; en cause enfin, les marges outrancières des oligopoles de la grande distribution et de l'agroalimentaire.

Le Gouvernement répète inlassablement que l'inflation baisse, mais nous répétons, nous, avec insistance que les prix de l'alimentation ne cessent d'augmenter : plus 22 % en deux ans ! C'est absolument insupportable pour les Françaises et les Français, qui sont, chaque mois, à l'euro près.

Derrière la flambée des prix alimentaires se cache un système scandaleux et opaque de profits et de marges. Ce sont en effet les multinationales de l'agroalimentaire et de la distribution qui font la loi sur les prix dans notre pays ! Chaque année, elles se réunissent, discutent, s'embrouillent un peu, mais réussissent finalement toujours à se mettre d'accord pour contrôler, à leur profit, le prix de l'alimentation. Ce sont les représentants de ces géants qui, dans leurs costumes-cravates, décident du niveau de profit qu'ils vont réaliser l'année suivante sur le dos des agriculteurs et des Français.

Oui, les prix augmentent et, pendant ce temps, les industries agroalimentaires accumulent des marges record qui ont presque doublé en un an, contribuant à maintenir des prix beaucoup trop hauts. Résultat : plus de la moitié des Français dit se priver occasionnellement ou régulièrement d'un repas, les files s'allongent devant l'aide alimentaire, et les Restos du cœur ne peuvent plus faire face à l'augmentation de la précarité et de la pauvreté dans notre pays.

Face à cela, que fait le Gouvernement, que fait l'État d'Emmanuel Macron ? Franchement, c'est risible. Tout d'abord, Bruno Le Maire a nié l'existence des profiteurs de l'inflation ; puis il nous a gratifiés d'une de ses fameuses demandes, en l'occurrence celle incitant les supermarchés à mettre en place des paniers anti-inflation… Bruno demande, mais il ne contrôle pas, ne cadre pas et laisse surtout chaque enseigne faire ce qu'elle veut. Ensuite, l'État a avancé les dates des négociations commerciales de 2024. Waouh ! Mais toujours sans aucune garantie de résultat pour faire baisser les prix, ce que les écologistes avaient déjà dénoncé !

Voilà à quoi ressemble la politique d'Emmanuel Macron pour lutter contre l'inflation. Ce ne sont que des rustines, des mesures de circonstances… quelques chèques il est vrai, financés par les Français eux-mêmes, grâce à la TVA qu'ils payent, chaque jour, en achetant leur baguette de pain. Ce gouvernement ne propose aucune mesure structurelle, rien qui permette d'en finir avec ce problème. La pauvreté et les difficultés à s'alimenter de Français toujours plus nombreux, cela ne l'intéresse pas. En revanche, s'il n'y a personne pour lutter contre l'inflation, il y a toujours quelqu'un au Gouvernement pour appauvrir les chômeurs, leur demander davantage de justifications !

Au contraire, la proposition de loi de La France insoumise que nous examinons aujourd'hui ne se limite pas à une énième mesure conjoncturelle, mais propose une vision beaucoup plus équilibrée, plus juste et porteuse de changements pour toute la chaîne de valeur alimentaire.

Nos collègues proposent le retour de l'État protecteur pour rémunérer plus justement ceux qui travaillent la terre et nous nourrissent, grâce à l'instauration d'un prix plancher. Ils proposent la mise en place de mesures encadrant les marges des industriels de l'agroalimentaire et du raffinage ainsi que celles de la grande distribution, pour rendre le pouvoir de vivre à nos concitoyens. À cela, nous disons : « Bravo ! » Il est temps de mettre fin aux profits excessifs de ces géants, qui se goinfrent sur le dos des Français et des agriculteurs ! Il est temps que l'État protecteur revienne pour protéger les gens ! C'est cela l'intérêt général.

Nous soutiendrons deux amendements qui visent spécifiquement à soutenir l'accès à l'alimentation bio, secteur qui, rappelons-le, rencontrent aujourd'hui des difficultés majeures, alors que les distributeurs y font souvent des marges encore plus importantes, ce qui éloigne toujours plus les plus précaires et les classes moyennes de l'accès à une alimentation saine et de qualité.

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