Il est temps, en effet, de créer les conditions d'une politique volontariste en faveur de la France des outre-mer, en particulier en matière de protection contre les catastrophes naturelles majeures. Les collectivités ultramarines sont des zones à forts risques majeurs – cyclones, séismes, volcanisme, tsunamis, tempêtes tropicales. Elles sont en outre exposées à des phénomènes tels que la prolifération des algues sargasses – aux Antilles – ou la montée des eaux – à Wallis-et-Futuna. Les risques y sont aggravés du fait d'un bâti vulnérable et d'une concentration urbaine sur le littoral.
Malheureusement, sur ces sujets comme sur tous les autres, cela fait près de vingt ans que les politiques publiques ne sont plus à la hauteur des enjeux, notamment en ce qui concerne la préparation de la continuité des services publics et la résilience des réseaux. Le constat est le même que dans tous les territoires ruraux : budgets locaux dégradés, manque d'ingénierie. Toutefois, outre-mer, ces réalités sont encore aggravées par l'éloignement géographique.
Le rapport d'information déposé en juillet 2018 par la délégation sénatoriale aux outre-mer faisait déjà le constat d'une « urgence déclarée » face aux risques naturels. Six mois après ce rapport et ses soixante recommandations, le Président de la République a annoncé, pour l'été 2019, un projet de loi pour la prévention et la protection contre les risques naturels outre-mer. Quatre ans ont passé et nous l'attendons toujours ! De même, les Mahorais attendent toujours l'allongement de leur piste aérienne, promise en 2019, et une loi-programme, sans cesse reportée. Hélas, c'est une spécialité présidentielle, qui ne se limite d'ailleurs pas aux outre-mer !
Qu'a fait le Gouvernement depuis ? Il a supprimé la délégation interministérielle aux risques majeurs outre-mer pour le remplacer par un simple réseau interministériel d'appui aux territoires. Quelle vision !
Les Français d'outre-mer n'en peuvent plus d'être considérés comme des citoyens de seconde zone ; ils ne veulent pas que leurs collectivités deviennent les nouveaux territoires perdus de la République ! Comment l'État a-t-il pu en arriver là ? Comment la France a-t-elle pu en arriver là ? Comment ne pas être désespérés par ce gâchis d'intelligence et d'argent, par ce temps gaspillé ? Les ultramarins ne veulent pas moins d'État, mais plus et mieux d'État. Ils ont droit au retour d'une véritable politique publique d'aménagement du territoire, au désenclavement et à la continuité territoriale ; c'est urgent !
Il est temps de retrouver ambition et savoir-faire pour les outre-mer. Cela doit commencer par une présence forte de l'État pour anticiper, prévenir, protéger et aménager. Ce que veulent les Français des outre-mer, c'est un gouvernement qui donne instruction à l'État de prendre sa large part de responsabilité et de réparer comme il se doit. Les inégalités qui sous-tendent la vulnérabilité des territoires soulèvent la question de la justice sociale et environnementale. La France des outre-mer a besoin d'un gouvernement qui réfléchisse à un droit des individus à la sécurité, indépendamment de toute autre considération.
Il est grand temps d'en terminer avec les assises, les états généraux et autres comités Théodule, tels ceux que nous avons l'habitude de voir depuis près de vingt ans, ces Ciom qui font accoucher la montagne d'une souris ! Il est temps de cesser de faire de la bobologie et de poser des rustines lors des situations de crise. Nos compatriotes ultramarins attendent des actes concrets de la part du Gouvernement.
Vous avez estimé, monsieur le rapporteur, que « la création d'une commission d'enquête s'impose ». Si elle aboutit à des décisions fortes et à des actions concrètes pour les ultramarins, alors nous sommes d'accord ! C'est pourquoi le groupe Rassemblement national votera pour cette proposition de résolution.