Intervention de Perceval Gaillard

Séance en hémicycle du jeudi 30 novembre 2023 à 9h00
Gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPerceval Gaillard :

Un siècle pour s'adapter : les changements climatiques et les risques naturels qui en découlent constituent la question du siècle, celle qui conditionne toutes les autres. En effet, tous les territoires seront, à plus ou moins long terme, concernés. Mais c'est dans nos territoires transocéaniques de France, dits d'outre-mer, que ces changements sont d'ores et déjà visibles et malheureusement irréversibles. Ces phénomènes se développent sur un terrain déjà bien fragilisé par les risques majeurs : cyclones, secousses sismiques, orages, sécheresses, inondations et glissements de terrain, le tout dans un contexte économique et social difficile, marqué par un sous-investissement structurel historique de la part de l'État.

Depuis des décennies, les élus de nos territoires alertent les gouvernements successifs sur cette situation, sans obtenir de réponse réelle, comme souvent. Nous avons donc agi par nous-mêmes et commencé à faire bouger les lignes sur cette thématique. En cela, comme en tant d'autres choses, nous sommes des précurseurs.

Comment ne pas citer la création de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) par le sénateur communiste réunionnais Paul Vergès. « Un siècle pour s'adapter », nous avertissait-il. Le texte créant l'Onerc a été adopté à l'unanimité dans les deux chambres : c'était en 2001… Depuis, l'observatoire a publié de très nombreux rapports traitant des conséquences de ces changements climatiques sur la biodiversité, sur la santé, sur l'agriculture, sur l'humain, en fonction de la démographie, avec une ouverture sur le monde. Ces rapports soulignaient également les interconnexions entre tous ces phénomènes.

Paul Vergès expliquait que les outre-mer constituaient des cadres de réflexion de choix, car ils nous imposent, à nous, les ultramarins, d'anticiper le monde de demain, encore plus que dans tout autre territoire. Aujourd'hui, nous n'avons plus le choix : la hausse du niveau de la mer nous contraint à nous adapter. Il aurait été plus simple d'anticiper dès 2001 en prenant en compte, par exemple, l'élévation inéluctable du niveau de la mer dans les infrastructures littorales. Mais il n'y a pas eu d'anticipation, il y a même eu soumission aux intérêts économiques des dominants, et maintenant nous subissons.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion