Face au retour de la guerre sur le sol européen et à l'heure où l'ordre international issu de l'après seconde guerre mondiale est contesté de toute part, l'Union européenne doit, pour ne pas subir, s'affirmer comme un acteur politique international résolu. Pour poursuivre son expérience démocratique à l'échelle du continent, de plus en plus d'acteurs appellent les États à se prêter, à nouveau, à l'exercice consistant à inscrire, dans le marbre des traités, les principes qui baliseront notre destin commun pour les décennies à venir. Comme en 1957, année où la fondation des Communautés européennes avait suivi de près la crise de Suez qui avait acté le déclassement des anciennes puissances française et britannique, ce sont à nouveau des évènements extérieurs remettant en question la place des États européens qui permettront, peut-être, de donner à ces derniers l'impulsion décisive pour penser à nouveau leur destin commun.
L'Union européenne se retrouve peu ou prou face au même dilemme qu'en 2001, quand elle préparait l'entrée de dix nouveaux États membres d'Europe centrale et orientale. À l'époque, le nécessaire processus d'élargissement devait être précédé d'un indispensable approfondissement des institutions communes. En 2023, la sécurisation du voisinage de l'Union européenne passe par la refonte des règles du processus d'élargissement pour assurer l'intégration rapide des pays candidats. Or l'intégration de pays dans une Union qui compterait trente-cinq membres ou plus ne pourra se faire, selon nous, sans une réforme d'ampleur des institutions européennes.