Il est en outre essentiel de transformer notre Europe et ses institutions, si nous voulons être capables de relever les défis de ce siècle. Dans un monde redevenu incertain, je l'ai dit, l'Europe doit changer : elle doit s'assumer comme une puissance géopolitique. Sinon, d'autres décideront pour nous. Le président Bourlanges vient de le rappeler, la Conférence sur l'avenir de l'Europe a ouvert la voie à un tel changement.
L'enjeu est d'abord de donner une légitimité démocratique renouvelée aux institutions européennes. Je pense au renforcement des prérogatives du Parlement européen, aux listes transnationales, dont nous avons soutenu le principe, à l'innovation du Spitzenkandidat, qu'il faut continuer à défendre.
Il s'agit aussi de préparer l'avenir et de répondre aux bouleversements récents. Je pense à la guerre en Ukraine. Au fond, la question n'est plus de savoir si nous devons élargir l'Union, ni même quand nous devons le faire – ces questions ont été tranchées –, mais de quelle manière. L'Europe de 2030, qui pourrait compter plus de trente États membres, ne sera plus celle d'aujourd'hui, laquelle ne serait d'ailleurs pas capable de relever les défis qui sont devant nous.
Deux erreurs doivent être évitées. La première consisterait, alors même que la situation se dégrade dans notre environnement immédiat, à ne rien faire et à laisser les pays des Balkans, l'Ukraine ou la Moldavie patienter, en nous contentant de leur donner quelques perspectives assez lointaines. Cela reviendrait à laisser la clé à ceux qui veulent nous déstabiliser. Je pense qu'il vaut mieux s'asseoir à une table avec ces États plutôt que de nous exposer à des conflits larvés aux frontières extérieures de l'Union.
La deuxième erreur consisterait à élargir l'Union sans fixer de conditions ni réformer, sous prétexte que tel est notre intérêt géopolitique. Élargir sans réformer, ce serait nous condamner à l'impuissance et aggraver les pesanteurs que nous connaissons. Nous ne pouvons pas nous payer le luxe de fonctionner à trente ou à trente-cinq comme nous le faisons – non sans peine – à vingt-sept.
La question de la réforme de l'Europe est centrale, prégnante. Elle va animer nos débats ce soir et demain. Nous devons innover pour être capables de relever les grands défis climatiques et technologiques et de faire face à toutes les guerres qui se déroulent dans le voisinage immédiat de l'Union.
N'en déplaise aux nationalistes rabougris,…