Homo sapiens a été une espèce invasive et chacune, chacun d'entre nous, dans cette assemblée, porte l'héritage des migrations et des foisonnements culturels qui en ont résulté. Évidemment, les premiers déplacements massifs de populations, il y a plusieurs centaines de milliers d'années, différaient en intention des mouvements récents, guidés par la nécessité économique, sécuritaire ou désormais climatique. Mais la logique reste la même : celle de la mobilité, de la liberté, de l'exploration, de la recherche d'une meilleure vie pour soi et pour les siens.
Pourtant, aujourd'hui, les mots « immigrés », « migrants » ou « réfugiés » effraient. Dans le langage d'un camp politique de plus en plus large, ces mots riment avec « problème », « insécurité », « menace », « invasion ». Certains ici, en particulier à la toute droite de cet hémicycle, font de ces rimes imaginaires leur idée unique, le mantra sur lequel ils prospèrent. Le rejet de l'autre, en raison de sa couleur de peau, de sa religion ou de sa culture, n'est que l'expression de la plus crasse bêtise et l'assurance d'un malheur en construction.