Je veux à mon tour exprimer l'indignation qui est la nôtre face à ce qui se passe depuis maintenant près de dix ans en Méditerranée. Monsieur Dumont, celle-ci n'est pas en train de devenir un cimetière : elle l'est. Tous les moyens doivent donc, bien entendu, être mis en œuvre pour porter secours aux personnes qui la traversent au péril de leur vie.
Quant à la motion de rejet préalable, elle doit être rejetée afin que nous puissions débattre. Je ne vous le cache pas, cher collègue Dumont : je suis moi-même tombé de ma chaise lorsque j'ai lu l'exposé des motifs de votre proposition de résolution, et mon premier mouvement, en tant que rapporteur de la commission des lois, a été, je vous l'ai dit, de la rejeter totalement. Puis j'ai lu attentivement le texte lui-même, sachant que l'exposé des motifs n'est plus.
Or il ne porte pas sur la criminalisation des ONG, qui pallient bien souvent les défaillances des États en Méditerranée ; il soulève des questions qui méritent un débat, qu'il s'agisse de l'amélioration de la coordination entre États dans le cadre de l'action qui doit y être menée ou de la définition de notions qui, parce qu'elles ne font pas consensus entre les États, sont à l'origine de situations de crise qui mettent en danger la vie des personnes qui traversent la Méditerranée. Je pense notamment à la notion de lieu sûr et à celle de port de débarquement, où les conditions d'accueil doivent être les meilleures possibles afin que les demandes d'asile puissent y être traitées rapidement.
Parce que ces questions sont légitimes, j'ai déposé, ainsi que d'autres collègues, des amendements visant à apporter des clarifications juridiques sur un certain nombre de points qui font l'objet de débats au niveau européen.