En introduction, je veux souligner que la proposition de résolution européenne visant à faire respecter le droit international dans le secours des migrants en mer Méditerranée a un mérite, celui de permettre de débattre de la politique européenne en matière migratoire – à cet égard, je salue le travail réalisé par nos collègues en commission, notamment par M. Dumont.
J'étais hier à Madrid à l'occasion de la réunion de la Conférence des organes spécialisés dans les affaires communautaires et européennes de l'Union européenne – Cosac –, au cours de laquelle nous avons débattu de cette question. Un constat clair s'est imposé à toutes et tous, au-delà de nos étiquettes partisanes : nous devons agir à vingt-sept pour répondre à ces défis complexes. C'est une condition essentielle pour avancer vers une Europe pleinement souveraine.
Pour être souveraine, l'Europe doit d'abord être capable de maîtriser ses frontières. Il faut reconnaître que nous n'avons pas pleinement atteint cet objectif, pour de nombreuses raisons. Néanmoins, nous espérons que le pacte sur la migration et l'asile sera prochainement adopté. Il s'agit d'une condition indispensable pour assurer la cohésion des Européens, pour relever le défi migratoire, et pour éviter que le droit d'asile, que notre continent a inventé et qui lui fait honneur, ne se trouve dévoyé.
Le modèle européen consiste également à construire notre rapport au reste du monde, à nos frontières, à nos voisins, à nos partenaires les plus proches, tant en Afrique qu'à l'est de notre continent. Assumons-le, un projet politique – et l'Union européenne en est un – n'existe pas sans tracer de frontières claires et sûres. En outre, ce projet ne peut fonctionner sans coopération. Chacun le constate, nous ne pourrons prévenir les crises migratoires, de nature très différente les unes des autres, que nous vivons depuis des années en Europe, sans travailler ensemble afin de limiter les arrivées en amont ; démanteler les réseaux de passeurs ; casser les filières clandestines et reconduire les personnes en situation irrégulière. Ces mesures visent à préserver le droit d'asile.
À cet égard, je me réjouis des avancées obtenues dans le cadre des discussions relatives au pacte sur la migration et l'asile. Le compromis du 4 octobre, fruit du travail entre le Parlement européen, la Commission européenne et les vingt-sept États membres, devrait apporter une réponse européenne plus efficace. Il doit être conclu rapidement pour trois raisons.
D'abord, les migrations sont une réalité mondiale, en Méditerranée ou ailleurs, et chacun comprend que les approches nationalistes, parfois défendues en Europe, sont des impasses. Mme Meloni, qui avait fait campagne contre l'Europe en fustigeant sa politique migratoire, l'appelle désormais à l'aide. Au Royaume-Uni, les défenseurs du Brexit – les alliés de Mme Le Pen – promettaient de reprendre le contrôle. En réalité, ils ont menti, puisqu'on n'a jamais dénombré autant de traversées illégales de la Manche que depuis le Brexit.
Ensuite, tous les régimes autoritaires qui nous entourent ont compris que les migrations étaient la faiblesse des Européens. Nous ne pouvons laisser les ennemis de l'Europe mener des guerres hybrides en utilisant la pression migratoire contre nos intérêts. En Pologne – il y a un an –, en Finlande et en Estonie, la Russie instrumentalise les migrants pour diviser nos sociétés. Orbán, Wilders, Le Pen et Bardella n'ont que le mot « immigration » à la bouche, mais restent silencieux lorsque leur allié Poutine manipule les migrants à nos frontières. Tel est le cas aujourd'hui en Finlande qui, confrontée à la pression migratoire, en est venue à fermer son dernier poste-frontière.