Derrière les chiffres et les rapports qui ont été évoqués, il y a des vies brisées et des souffrances insupportables. Des familles ont vu leur vie basculer, des pères et des mères ont vu leurs enfants grandir dans un environnement empreint de toxines. Pire, il nous est intimé de vivre avec les conséquences de ce désastre, sans que les responsables soient désignés officiellement, sans pouvoir faire entendre notre peine ou obtenir réparation des préjudices subis, alors que, dans un monde normal, ce ne serait que justice – une justice réduite à sa plus simple expression.
La commission d'enquête parlementaire de 2019 a dénoncé un « scandale d'État » et le tribunal administratif de Paris, en 2022, a mis en lumière les erreurs fautives commises par les services de l'État dans ce dossier.
Désormais, la seule réponse acceptable serait non seulement de réparer financièrement les préjudices subis par les victimes du chlordécone, mais également de fournir les outils qui permettront d'éviter qu'un tel scandale ne se reproduise.
C'est pourquoi le groupe Socialistes et apparentés a déposé une proposition de loi visant à reconnaître les responsabilités de l'État, à indemniser les victimes du chlordécone et à renforcer notre arsenal juridique par la création d'un crime d'écocide. Cependant, tant qu'elle ne sera pas votée ni appliquée, je crains qu'il ne s'agisse que de mots inscrits sur un bout de papier.
Ma question est donc simple : le Gouvernement est-il enfin prêt à reconnaître officiellement les responsabilités de l'État dans les préjudices causés par l'utilisation du chlordécone et subis par les territoires et les populations de la Guadeloupe et de la Martinique ? Le cas échéant, quelles mesures concrètes et immédiates le Gouvernement entend-il prendre afin d'apaiser les douleurs et de restaurer la dignité de nos peuples ?