L'effet cocktail évoqué par M. Pierre-Charles affecte non seulement les organismes vivants, mais également les écosystèmes : selon une étude menée conjointement par l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), l'utilisation de glyphosate entraîne une érosion des sols qui, à son tour, facilite la pénétration du chlordécone dans les sols, aggravant donc la pollution des eaux souterraines. Cela illustre une nouvelle fois l'insuffisance des connaissances sur les effets du chlordécone et de la prise en charge sanitaire et sociale des personnes contaminées.
Par ailleurs, loin d'être limitée aux ouvriers agricoles, l'exposition au chlordécone s'étend aussi malheureusement à la population générale, touchée par de nombreux problèmes de santé – notamment des cancers de la prostate – qui, aujourd'hui, sont insuffisamment pris en charge par la sécurité sociale et les mutuelles. Il reste donc beaucoup à faire. À titre d'exemple, entre 1975 et 1980, les États-Unis ont dépensé plus de 1 milliard de dollars – une somme qui serait donc plus importante encore aujourd'hui – après la contamination des ouvriers de l'usine d'Hopewell, en Virginie.