La banane est vertueuse, disaient les planteurs de banane. Or maintenant, comme l'a fait remarquer M. Flower, l'intervenant de la Guadeloupe, elle est devenue un déchet toxique, parce qu'elle est imbibée de chlordécone. Au début, durant les deux premières années, les bananes contaminées au chlordécone n'étaient pas commercialisées ; elles le sont aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que les taux LMR (limite maximale de résidus), qui définissent le seuil de consommation, ont été augmentés, y compris le taux consommable de métaux lourds dont on ignore les effets pour la santé.
Nous avons rencontré les services de l'État dont l'agence régionale de santé (ARS). Selon celle-ci, nul n'a demandé à récupérer l'eau des rivières et des ravines afin de laver les bananes. Ce n'est pas ce que disent les planteurs de bananes. Alors, où en sommes-nous aujourd'hui ? Les ouvriers agricoles continuent à s'empoisonner, tandis que les consommateurs de bananes courent également des risques graves.
Les planteurs reprochent au Coac de vouloir éliminer la banane. C'est faux, mais le jour où un enfant aura un accident en ingérant une banane contaminée par des matières fécales ou du chlordécone, la banane martiniquaise n'existera plus. C'est aussi pour eux qu'on mène le combat, pour qu'ils puissent protéger les consommateurs. Dans quelques années, d'autres bombes liées à l'empoisonnement éclateront en Martinique, puisqu'on sait qu'il y a du chlordécone partout – il y en a même encore qui est stocké.
L'État doit prendre ses responsabilités, peut-être sous la forme d'une loi de programmation. Rendez-vous compte : la directrice de l'ARS nous a dit qu'elle n'avait jamais donné d'autorisation pour récupérer l'eau. Elle est donc au courant que l'eau est empoisonnée, et les Martiniquais n'ont pas le droit d'accéder à certaines rivières ni de pêcher des écrevisses dans l'eau empoisonnée.
Le Collectif réitère la demande faite à l'ARS : peut-on utiliser de l'eau potable pour laver les bananes, en attendant que l'on organise la filtration de l'eau empoisonnée ? C'est quelque chose qui se fait dans l'Hexagone, où l'on lave les légumes dans de l'eau propre, sans pesticides ni matières fécales. Nous souhaitons que cela puisse se mettre en place en Martinique.