Comme tout le monde le sait, y compris les exploitants de bananiers, l'ensemble des cours d'eau de la Martinique est empoisonné. Les tests réalisés par la direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DEAL) l'ont montré. Pourtant, ces exploitants récupèrent l'eau des rivières et de la ville, fortement polluée par le chlordécone et par d'autres pesticides, pour arroser les champs de bananes ainsi que pour laver les bananes après récolte.
Ensuite, ils ajoutent des fongicides pour que les bananes ne soient pas abîmées par des champignons, mais ces fongicides se retrouvent également dans l'eau.
Les ouvrières travaillent toute la journée dans cette eau fortement contaminée avec des petits gants qui ne les protègent pas.
Des tests ont été réalisés sur les ouvriers et des ouvrières agricoles – c'est par eux que nous avons commencé l'enquête – pour savoir dans quelles conditions ils continuent de se faire empoisonner. Cette recherche nous a permis de comprendre que l'eau utilisée pour laver les bananes est le vecteur de la contamination. Le taux de chlordécone y est très élevé, mais elle contient aussi des matières fécales, d'autres pesticides comme le glyphosate, et des fongicides. Les exploitants ajoutent du chlore dans l'eau et soutiennent qu'ils la traitent ainsi – mais ce n'est pas le cas, dès lors que le chlore n'élimine pas le chlordécone.
L'Institut national de médecine agricole qui se trouve à Tours a recommandé qu'aucune femme en âge de procréer, de 15 à 50 ans environ, ne soit en contact avec la molécule de la chlordécone. Nous constatons que cette recommandation n'a pas été appliquée. Les enfants nés des ouvrières qui travaillent dans ces conditions présenteront des pathologies très graves à l'avenir. Nous demandons donc que l'on applique cette recommandation.