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Intervention de Yvon Serenus

Séance en hémicycle du lundi 27 novembre 2023 à 16h00
Le chlordécone en martinique et en guadeloupe l'action de l'État face aux nécessaires réparations

Yvon Serenus, président du Collectif des ouvriers agricoles contaminés :

Au nom de notre collectif, je salue les participants de ce débat et je remercie M. Marcellin Nadeau de nous donner l'occasion de faire entendre la voix des ouvriers et ouvrières agricoles contaminés par le chlordécone.

Nous appelons de nos vœux le vote d'une loi de programmation visant à apporter des réponses significatives à l'empoisonnement des femmes, des hommes et de l'environnement de notre pays. Nous estimons en effet qu'il appartient à l'État, qui a reconnu sa part de responsabilité dans le scandale du chlordécone, de faire voter une telle loi globale permettant de remédier à tous les effets nocifs de l'épandage de produits toxiques et d'indemniser les victimes de l'empoisonnement. De plus, nous demandons que cette loi spécifie que tous ceux qui ont contribué à l'empoisonnement et dont la responsabilité n'a pas encore été retenue doivent être associés aux réparations.

Représentant les ouvriers agricoles qui ont été en première ligne de l'épandage, souvent à mains nues et sous la contrainte, et porteur de leurs revendications élaborées après une enquête de terrain auprès de 1 500 ouvriers agricoles et descendants d'ouvriers agricoles, notre collectif estime devoir être associé, ainsi que les élus représentant la population martiniquaise, à la définition des objectifs et des moyens qui seront inscrits dans la loi de programmation.

Le Coac a réalisé une pétition ayant recueilli 7 420 signatures, attestées par un huissier de justice, dont les signataires ont exprimé l'urgence d'une telle loi. En attendant, notre collectif insiste sur la nécessité de prendre des mesures d'urgence pour dépister et soigner les personnes exposées à la chlordécone. Je rappelle que des milliers d'entre elles souffrent de pathologies non inscrites au tableau des maladies professionnelles, du fait d'un travail qui leur rapportait des revenus dérisoires. Ces ouvriers, ayant pris leur retraite après plus de quarante ans de travail dans une exploitation bananière, touchent une pension d'environ 500 euros, ce qui les place, tous autant qu'ils sont, sous le seuil de pauvreté.

Les mesures de la loi de programmation devront inclure un dépistage massif, systématique, voire obligatoire, de tous les pesticides présents dans le sang, les moyens de lancer une enquête épidémiologique spécifique aux travailleurs agricoles, ou encore le remboursement du coût de l'unité spécialisée créée dans le centre hospitalier universitaire (CHU) de Fort-de-France et dirigée par le professeur Dabor Résière. Nous considérons comme une injustice flagrante le refus de déployer des moyens similaires à ceux mis en œuvre à la suite du scandale de l'amiante.

Nous attendons donc de tous les parlementaires qui reconnaissent la justice de notre cause et la nécessité des réparations qu'ils apportent un soutien massif à une telle loi de programmation.

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