Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du dimanche 26 novembre 2023 à 19h00
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Il y a aussi la plus grande base aérienne du pays et l'une des plus grandes zones industrielles d'Europe. Avec de l'industrie, des villes populaires et des zones naturelles préservées, il s'agit d'un territoire d'équilibre. Nous avons souvent dû batailler pour nous faire respecter – c'est ce que je fais à cet instant. Nombre d'infrastructures, promises au moment où la zone industrialo-portuaire a été créée, n'ont pas vu le jour. Nous avons pris beaucoup de retard.

Notre territoire est stratégique pour le pays, et sans doute au-delà. Se jouent là, en partie, la stratégie de décarbonation de notre industrie, la réindustrialisation du pays, la transition énergétique, écologique et sociale.

La zone industrialo-portuaire va prendre un second souffle avec de nouveaux projets d'implantation en nombre. Notre territoire va changer. Une belle aventure peut s'ouvrir pour celles et ceux qui vivent et travaillent dans ce coin de Provence, à condition qu'ils en soient parties prenantes et non pas contraints d'en payer le prix.

Or, pour l'instant, la puissance publique, et l'État en particulier, ne sont pas au rendez-vous. Voilà de longs mois que je frappe à toutes les portes, de ministères, de grandes administrations, de grandes entreprises, pour faire entendre cette voix. Je profite du fait que nous soyons réunis et je prends d'autant plus les devants que j'ai ouï dire que vous alliez réunir un comité interministériel à Dunkerque sur les enjeux de ce territoire. Je me permets donc d'utiliser mon temps de parole pour vous parler de ce qu'il se passe chez moi.

Monsieur le ministre de l'industrie, les entreprises déjà installées sont en train, peu à peu, de modifier leurs process : c'est une bonne chose et il faut accélérer le mouvement, mais je vous encourage à la plus grande vigilance à l'égard des mouvements de capitaux – je pense notamment à ceux du groupe Ascometal, qui me préoccupe – et à l'égard de l'utilisation de l'argent public, lequel doit véritablement servir une stratégie de transition industrielle et nous faire gagner en maîtrise publique.

J'appelle également votre attention sur la nécessité de planifier et de mieux organiser l'économie circulaire dans cette zone, car certaines possibilités ne sont pas exploitées. Ne pourrions-nous pas créer pas un incubateur industriel avec des chercheurs afin d'augmenter nos capacités d'expertise publique et ainsi mieux agir pour transformer l'industrie ?

L'un des plus grands défis concerne les transports. Notre grand port, toujours en croissance, est relié au réseau ferré par une voie unique et au réseau routier par une route départementale – c'est déjà très insuffisant pour répondre aux besoins actuels. Nous devons donc investir dans le ferroviaire, pour le fret et pour les voyageurs, les citadins et les travailleurs. Une telle revendication est incontournable pour qui veut relever le défi climatique et les défis du quotidien. Pour l'instant, force est de constater que nous ne voyons rien venir. Cela doit changer rapidement. Les infrastructures routières sont quant à elles déjà saturées, avec des risques pour la sécurité et la santé : j'espère que le contournement de Martigues et de Port-de-Bouc ne sera pas repoussé une fois de plus, car cela dure depuis des décennies. Sur tous ces points, nous avons besoin d'un plan global, intégrant également le fluvial.

Autre défi : l'électricité, madame la ministre de la transition énergétique. Des chantiers ont été lancés, reconnaissons-le, mais les besoins augmentent, non seulement domestiques, mais aussi – étant donné ce que j'indiquais précédemment – industriels et de transports.

Le quatrième défi, monsieur le ministre du travail, c'est celui de la formation professionnelle. Nous aurons besoin de former massivement des femmes et des hommes, y compris des jeunes. Nous avons réussi à préserver des outils pour y parvenir, notamment un centre de l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) qui était menacé de fermeture. Il faut maintenant lui donner les moyens de déployer une stratégie offensive afin de construire une offre de formation professionnelle qualifiante et répondre ainsi aux nouveaux besoins nés du contexte de transition que je viens de décrire. Mais n'oublions pas les autres métiers, car il n'y a pas qu'une filière industrielle, chez nous, il y a aussi une filière cinématographique.

Nous devons également favoriser la sécurisation de l'emploi et des parcours et rehausser l'offre de formation initiale. Je pense, madame la ministre déléguée chargée de l'enseignement et de la formation professionnels, aux lycées professionnels, qu'il ne faut pas affaiblir. Je pense aussi, madame la ministre de l'enseignement supérieur, aux formations supérieures, qu'il faut renforcer car notre territoire est sous-doté en la matière. Or nous aurons besoin de former à des métiers très différents.

Monsieur le ministre de la transition écologique, l'enjeu environnemental appelle des investissements dans la protection de la forêt, des étangs, de la mer et de l'air.

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