Terres Inovia est née de la nécessité de reconstruire la France après la guerre : nous étions un CTI, un centre technique industriel tel qu'ils ont été créés par la loi du 22 juillet 1948, donc un organisme public. À cette époque, il fallait construire des filières, car il s'agit ici de produits destinés à la transformation industrielle. Nous avons ainsi participé à la construction du groupe Avril.
Je suis à la fois directeur de l'interprofession et directeur de l'institut technique : ce n'est pas un hasard. Terres Inovia est bien un institut technique de filière. Il s'arrête à la première transformation car nous produisons des solutions à large spectre – aussi bien pour l'alimentation animale, notre première raison d'être, que pour l'alimentation humaine et pour la bioéconomie, avec des solutions pour l'énergie ou encore la chimie verte. S'il fallait intégrer dans notre dialogue tous nos destinataires, il n'y aurait pas que la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), les distributeurs. Cela induirait un déséquilibre.
En revanche, nous accompagnons la structuration des filières, dans une logique de segmentation. Pendant longtemps, nous étions dans des logiques de commodité ; mais même les commodités d'aujourd'hui comme le colza ou le tournesol se segmentent. C'est encore plus le cas pour les légumineuses. C'est un nouveau défi pour nous, que nous relevons avec les collectifs locaux : nous construisons des filières par segment. Nous travaillons ainsi avec la restauration collective, publique et privée, avec les distributeurs – avec tout l'aval. Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas dans notre interprofession que nous ne travaillons pas avec eux.
S'agissant de votre question sur l'international, nous sommes fondateurs des deux grandes structures scientifiques consacrées au colza et au tournesol. Nous assurons le secrétariat du Global Council for Innovation in Rapeseed and Canola (GCIRC). Nous étions récemment à Sydney pour le congrès mondial du colza ; nous organiserons le congrès de 2027 en France. Dans ces réunions internationales, les Européens sont considérés comme des extraterrestres ! Lorsque nous exposons notre travail sur les produits phytosanitaires et la lutte contre les ravageurs, les Chinois, les Américains et les Australiens ouvrent de grands yeux. Certains se frottent déjà les mains en imaginant qu'ils nous vendront plus facilement leurs produits ; d'autres se disent plutôt que les mêmes problèmes les attendent. Mais il faut savoir que le fossé grandit entre nos pratiques de jardinier, optimisées, et celles de nos homologues d'Amérique du Nord et du Sud par exemple.