Au quotidien, la dure réalité des producteurs est que le marché détermine, in fine, si un risque vaut ou non d'être couru et si telle production est de nature à générer une valeur ajoutée pour l'exploitation.
L'exemple de la féverole l'illustre. L'interdiction de certaines molécules visant à la protéger contre la bruche nous a privés de certains marchés, au profit des Canadiens, qui en sont les premiers producteurs au monde et dont les cultures ne sont pas menacées par cet insecte, pour des raisons climatiques. Pour eux, la question de la réduction des insecticides ne se pose pas : si c'est nécessaire, ils utilisent l'avion pour traiter les cultures.
Cela oblige nos agriculteurs, sur les marchés, à vendre leur production quasiment à prix coûtant, exception faite de quelques contrats particuliers. Cela a aussi pour effet de réduire notre capacité à innover et à valoriser nos innovations, lesquelles doivent servir l'intérêt de l'agriculteur. Si des conditions climatiques ou économiques défavorables l'incitent, pour garantir la rentabilité, à ne pas adopter les solutions que nous lui proposons, notre position collective s'en trouve dégradée.