La question de l'eau est absolument essentielle. Quand j'ai pris mes fonctions, j'ai demandé aux directeurs de mon administration combien de personnes en étaient chargées au sein du ministère. On m'a répondu qu'elles étaient cinq, sur les 30 000 agents employés par le ministère de l'agriculture, dont 15 000 pour le seul enseignement agricole – ce qui me permet, au passage, de souligner le trésor qu'il constitue. En effet, la compétence de la gestion de l'eau a été transférée au ministère de l'environnement – c'est d'ailleurs dans cette administration que partaient tous les élèves diplômés des Eaux et des Forêts ayant suivi cette filière, dans ma promotion, en 2004. La situation est complexe pour le ministère de l'agriculture, qui ne peut compter que sur cinq personnes – ou peut-être un tout petit peu plus – pour relever l'un des principaux défis des années à venir. C'est pourquoi j'ai lancé, avec Bérangère Abba, secrétaire d'État chargée de la biodiversité, et Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, cette grande initiative qu'a été le Varenne agricole de l'eau et de l'adaptation au changement climatique. On y a évoqué le sujet de la captation d'eau, ou encore celui de la protection des écosystèmes. Dans ce cadre, nous avons trouvé le bon équilibre. Je vous invite d'ailleurs à lire le rapport transpartisan du Sénat, intitulé « Pour une politique de l'eau ambitieuse, responsable et durable », que je trouve très intéressant.
Nous avons dû revoir et mettre en œuvre les différentes directives nitrates. Là encore, il s'agit d'un sujet essentiel, tant au niveau national qu'à l'échelle européenne, car on voit que tous les pays n'appliquent pas ces directives de la même manière, ce qui suscite une certaine concurrence déloyale au sein du Marché commun.
S'agissant de la filière bio, permettez-moi de corriger vos propos : je ne connais pas les chiffres actuels, mais les montants consacrés aux Maec n'ont pas été réduits lors de la revue de la PAC – au contraire, la somme globale, toutes lignes confondues, était en augmentation. À l'époque, le débat portait sur les aides au maintien et les aides à l'installation : nous avons décidé de mettre le paquet sur ces dernières.
Je défends avec force les mesures en faveur du bio, de la HVE, de l'agriculture de conservation, de la protection des haies et toutes les mesures agroécologiques dans leur diversité. Le bio n'exclut pas l'agriculture de conservation – bien au contraire. Toutes ces pratiques font l'objet d'aides de l'État.
La question à laquelle nous sommes confrontés est celle de la répercussion des coûts et du juste prix pour le consommateur. Elle est d'autant plus difficile en période inflationniste. Ayant été ministre de la ville et ayant passé beaucoup de temps à travailler aux côtés de ceux qui accompagnent les plus fragiles, je suis convaincu que ce n'est pas le compte de résultat des agriculteurs qui doit financer les politiques sociales de notre pays. Il faut accepter de soutenir, par des politiques économiques fortes, le bio, la HVE, l'agriculture de conservation et, de manière générale, nos agriculteurs, en plus des politiques sociales visant à aider nos concitoyens les plus fragiles à faire face à l'augmentation des prix des produits alimentaires. La guerre des prix, qui a été soutenue politiquement non par la majorité à laquelle j'ai appartenu – au contraire, nous avons tout fait pour l'éviter –, mais par une précédente, au motif de protéger le pouvoir d'achat des Français, est à mes yeux une erreur. Je ne vise pas le gouvernement que vous avez soutenu, monsieur le rapporteur…