Tout d'abord, la réduction progressive des fonds alloués à notre arsenal diplomatique interroge notre capacité à influencer le cours des évènements internationaux. Bien que cette tendance ait été légèrement inversée ces dernières années, elle ne l'a été que trop faiblement. Il est urgent pour la France de renouer avec sa tradition humaniste.
En ce qui concerne la question d'Israël et de la Palestine, vous avez toujours défendu une solution à deux États, une position qui n'a pas faibli. Cependant, l'évolution de la politique française depuis les attentats du 7 octobre, soulignée par la note collective des ambassadeurs, semble avoir provoqué un malaise parmi de nombreux diplomates, comme parmi de nombreux parlementaires dont je fais partie.
Le président Macron a d'abord exprimé un soutien inconditionnel à Israël, proposant même – selon un raisonnement qui défie toute logique – une extension de la coalition internationale contre Daech à la lutte contre le Hamas. Par la suite, il a appelé à une trêve, ce qui ne correspond pas à un cessez-le-feu, avant de finalement s'y résoudre il y a quatre jours, puis d'appeler le lendemain Benyamin Netanyahou pour s'en excuser. À mon sens, cette position témoigne d'un manque de vision et les fluctuations et revirements nuisent à notre crédibilité. La France, qui était autrefois un pilier de la diplomatie mondiale, semble désormais naviguer sans boussole.
La décision de la tournée au Moyen-Orient entamée par Sébastien Lecornu, le ministre des armées, ne symbolise-t-elle pas un recul de la diplomatie au profit d'une approche davantage militarisée ?
Ma conviction personnelle sur l'engagement historique de la France en faveur d'une solution à deux États est qu'elle est incompatible avec la politique de soutien à – comme vous l'avez qualifié – un « nettoyage ethnique au détail » actuellement mené en Palestine. La presse israélienne elle-même décrit cette politique comme n'étant pas destinée à mettre fin au terrorisme ou à libérer des otages mais plutôt à enterrer toute forme de création d'un État palestinien. Que pouvons-nous faire pour contrer ces actions ? Ne serait-il pas temps, par exemple, pour la France de reconnaître l'État de Palestine, comme l'Assemblée nationale et le Sénat l'ont suggéré en 2014 et 2016 ?
Enfin, vous avez mentionné la nécessité de nouveaux interlocuteurs pour que le processus de paix ait une chance d'aboutir et je vous rejoins sur ce point. Cependant, la Palestine n'a pas connu d'élections depuis quinze ans, ce que les Palestiniens justifient par le blocage d'Israël sur la tenue d'élections à Jérusalem-Est. Partagez-vous cette analyse et que peut faire la France pour débloquer cette situation ?