Vous avez utilisé des termes forts pour décrire la situation en Cisjordanie, employant même l'expression de « nettoyage ethnique au détail ». Vous avez également souligné le blocage résultant de deux formes de fusion entre nationalisme et religion, représentés par le Hamas, d'un côté, et le gouvernement d'extrême droite d'Israël, de l'autre. Vous avez enfin exprimé votre scepticisme quant à la possibilité de revitaliser l'Autorité palestinienne. Je me permets de vous relancer car il faut des interlocuteurs pour la paix mais les principaux acteurs actuels n'y sont pas favorables. Par conséquent, que faudrait-il faire ?
Vous avez toutefois fait part d'un relatif optimisme sur les risques d'extension du conflit mais pourriez-vous revenir sur la situation au Sud-Liban ? Sept-cents soldats français sont sur place et la situation y est très tendue. Avez-vous des craintes relatives à une extension du conflit dans cette région ?
Vous avez rappelé que votre mission de 2003 visait à améliorer les relations avec Israël, ce qui montre qu'on peut être en faveur d'une solution à deux États et ne pas être anti-israélien car la feuille de route avait été donnée par Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Je rappelle qu'auparavant, François Mitterrand avait exprimé son soutien à Israël à la Knesset tout en appelant à la création d'un État palestinien. Il a d'ailleurs joué un rôle dans les accords d'Oslo.
Dans le contexte actuel, comment percevez-vous les frictions qui semblent exister au ministère des affaires étrangères ? Je renvoie notamment à la lettre de certains ambassadeurs qui craignent la disparition d'une voix alternative de la France. Quelle serait-elle ?
Malgré une certaine illisibilité de la position française, le président de la République a tout de même parlé d'un cessez-le-feu. Je suis d'ailleurs étonné de n'avoir entendu aucune réponse officielle après les accusations d'antisémitisme contre le président de la République sur une chaîne télévisée en français. Comment interprétez-vous cela ? Comment auriez-vous réagi en tant qu'ambassadeur dans cette situation ?