La réunion que vous mentionnez au début de 2017 était un évènement assez curieux, c'est-à-dire une conférence de paix à laquelle ni les États-Unis, ni Israël n'ont assisté. En effet, Donald Trump venait d'être élu et son administration m'avait demandé de reporter la conférence, déclarant ne pas encore connaître les dossiers ni la manière d'agir. Cette position me semblait d'ailleurs relever du bon sens. La conférence a cependant eu lieu mais sans la participation des Américains et des Israéliens, et je ne sais pas à quoi elle a pu servir.
En regardant vers l'avenir, la question de la relance du processus de paix se pose. Personnellement, j'aurais tendance à dire que les deux parties ne peuvent pas parvenir à la paix par elles-mêmes. D'un côté, un gouvernement d'extrême droite ne souhaite pas lâcher la Cisjordanie et, de l'autre côté, il y a le Hamas, avec lequel on ne veut pas négocier. Il faut donc une mobilisation de la communauté internationale, impliquant les pays arabes et européens qui pourraient dire aux Israéliens et aux Palestiniens : « Si vous vous asseyez autour de la même table, nous pouvons vous offrir ceci ». Les Arabes pourraient aussi indiquer qu'ils contribueront à la reconstruction de Gaza, etc. La France peut jouer un rôle dans cette démarche mais elle doit le faire discrètement. Je crains cependant que ce ne soit pas l'un des talents principaux de la diplomatie française. En effet, on adore monter sur la scène, quitte à recevoir des tomates.
Je pense qu'il faut prendre sa canne, son chapeau et ses gants beurre frais pour aller voir discrètement les Saoudiens, les Émiratis et les Américains, afin de progresser. Il faut être imaginatifs et, pourquoi pas, associer la Palestine, Israël et la Jordanie à l'Union européenne. On peut également réfléchir au sujet des relations avec l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Essayons d'être imaginatifs mais dans la plus grande discrétion, même si ce processus n'a qu'une chance sur cent d'aboutir.