Vous nous avez démontré qu'il n'est pas nécessaire de faire partie de l'Union européenne pour coopérer et pour se sentir Européen. Vous nous avez expliqué que même ceux qui ont quitté l'Union européenne – et qui ne désirent surtout pas la réintégrer – sont membres de la CPE. Nous disposons donc d'un outil, qui peut être perçu comme une mini-ONU sans pouvoir, qui ne s'appuie même pas sur une assemblée parlementaire. C'est également le cas de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). « Coopération », « sécurité et « Europe » sont trois mots que vous avez utilisés à de nombreuses reprises pour parler de la CPE : l'OSCE aurait pu être votre base de travail mais la Macronie a préféré inventer un nouveau truc, sans assemblée, où l'on reste entre dirigeants. C'est dommage car l'assemblée parlementaire de l'OSCE a beaucoup travaillé et a permis de faire avancer certains dossiers. On a donc un peu de mal à situer la CPE. Vous rêvez, comme le président de la République, d'une Europe intégrée mais, à force de l'élargir, elle est de moins en moins intégrable.
Vous avez également abordé la question du niveau de vie des Européens ; on a bien compris que tout ce qui baisse le pouvoir d'achat à l'Ouest de l'Europe permet un rééquilibrage avec l'Est. On a compris le mode de fonctionnement et les objectifs mais ils sont inavouables. Si vous reconnaissez que vous êtes obligés de faire perdre de l'argent à certains pour rééquilibrer l'ensemble et créer l'État européen – c'est-à-dire les États-Unis d'Europe, le rêve ! – pour peser face à la Russie et à la Chine, les peuples ne l'accepteront pas. Il vous faut donc trouver des biais et mettre en place un petit mécanisme – que j'aime bien, du reste, parce qu'il démontre que la coopération est possible, même si j'aime moins le fait qu'il ne soit pas démocratique.
Se parler et inventer ensemble des chemins, sans pour autant se marier, ni fusionner, est gage de prospérité et de paix. Malheureusement, cela n'a pas permis de garantir la paix et nous n'avons pas encore trouvé le bon mécanisme, ni avec l'Union européenne, ni avec la CPE. Ce sont peut-être les moyens de la diplomatie et la prospérité des peuples – comme vous le dites – qui le permettront mais cela signifie que certains devront s'en mettre un peu moins dans les poches et qu'il faudra partager un peu plus, pour que la prospérité soit une réalité pour tous. Notre planète a de quoi nourrir tout le monde, de quoi permettre à chacun de vivre, non pas prospère, mais heureux là où il est. En tout cas, c'est mon rêve européen.