Examinons la situation avec sérieux. Depuis plusieurs mois, vous envisagez des économies, en réduisant la prise en charge des soins dentaires, laquelle passera de 70 à 60 %, et en doublant la franchise médicale, la faisant passer de 50 centimes à 1 euro pour les médicaments et de 1 à 2 euros pour les consultations. Bien que ces mesures soient momentanément en suspens, nous constatons bien le choix délibéré de faire payer les Français – tous les Français.
Tomber malade n'est pas un choix, monsieur le ministre, et je tiens à rappeler à cette tribune qu'un Français sur trois a déjà renoncé à des soins pour des raisons financières. Cette proportion devrait vous interloquer, vous choquer, vous décontenancer. Comment, mes chers collègues, pouvons-nous lire et entendre une telle statistique et expliquer à nos concitoyens que des étrangers clandestins ne sont, eux, pas obligés de payer la franchise médicale ? Selon cette logique, il serait donc préférable d'être clandestin que Français dans notre pays au moment de s'acquitter de certains soins.
Ces éléments étant évoqués, le groupe Rassemblement national se satisfait des articles 23 et 33 du texte, lesquels portent respectivement sur le financement de la tarification à l'activité et sur la délivrance de médicaments à l'unité, et sont directement inspirés des propositions soutenues par notre présidente, Marine Le Pen, lors des dernières élections présidentielles.
Cependant, même si le texte a été amélioré par le Sénat, l'article 30 est maintenu. Cet article revoit les modalités de recours au transport sanitaire individuel, au profit d'un transport de fait partagé : tout citoyen souhaitant bénéficier d'un transport individuel aura désormais l'obligation d'en avancer les frais. Nous nous opposons à cette disposition qui contrevient au respect de l'intimité des patients lors de leur transport vers un établissement de santé.
La motion de rejet préalable n'ayant pas été adoptée, je conclurai mon intervention en demandant au Gouvernement de maintenir les débats. Nous souhaitons un budget pour notre pays, mais un budget juste, conjuguant les obligations et les responsabilités de l'État envers nos concitoyens. Ayez donc un peu de courage, chers collègues : ne fuyez pas le débat !